Ἄρτεμις
ἀρτεμισίαἌρτεμις, ιδος
(ἡ) [ῐδ]
Artémis, fille de Zeus et de Lètô, sœur
d’Apollon, née en même temps que lui dans l’île de Dèlos :
comme Apollon est un dieu solaire, Artémis est la divinité lunaire,
et, comme son frère est Phœbos « le brillant », elle est Phœbè « la brillante » ; comme Apollon, elle est armée d’un carquois et d’un arc, et
se plaît à lancer des flèches, image des rayons de la lune, comme
les flèches d’or d’Apollon représentent les rayons du soleil. C’est
une vierge divine au port gracieux, aux traits nobles et
sévères : déesse de la pure lumière, elle symbolise la
chasteté, dont elle impose la loi à ses prêtres et à ses
prêtresses, et lorsque son fidèle adorateur Hippolyte, qui vit
comme elle étranger à toute passion terrestre, au sein des
montagnes et des forêts, meurt victime de sa chasteté, c’est
Artémis qui le console et lui annonce les suprêmes honneurs qu’elle
lui réserve. Comme c’est pendant la nuit que les plantes se
raniment par la fraîcheur de la rosée, Artémis est une divinité des
eaux, honorée près des sources, des fleuves, des lacs où elle vient
se baigner avec ses nymphes pour former ensuite des chœurs de danse
dans les clairières des forêts ; et comme, selon les croyances
populaires, la lune exerce sur les moissons, sur les troupeaux, une
action tour à tour bienfaisante ou funeste, c’est Artémis
qu’invoquent les laboureurs ; aussi son culte est-il surtout un
culte de la campagne : son séjour préféré est l’Arcadie, la
région la plus pittoresque et la plus pastorale de la Grèce ; c’est
sur les sommets du Taygète ou ceux de l’Érymanthe qu’agile,
impétueuse, armée de son carquois et de ses flèches, elle court à
travers champs et vallées, poursuivant les daims et les cerfs ;
puis, pour se reposer de ses fatigues, elle suspend son arc et ses
traits et se met à la tête du chœur des Muses et des
Charites : symbole de la vie pastorale des Arcadiens, race de
chasseurs et de bergers qui se délassent de leurs travaux en
formant des danses au son de la syrinx. Tels sont les principaux
attributs de la déesse que la Grèce adorait sous le nom d’Artémis ;
plus tard, d’autres cultes se confondirent avec le sien :
d’abord celui d’Hékatè (Ἑκάτη «
celle qui brille au loin ») divinité d’origine
thrace, symbolisant non les pures impressions qu’éveille le type
virginal d’Artémis, mais les sombres idées religieuses des peuples
du Nord ; ce n’est plus l’astre clair et brillant des nuits de la
Grèce, c’est la lune rougeâtre, voilée de vapeurs ; et, comme la
lune a trois phases, elle a trois têtes : c’est la triple
Hécate, après laquelle aboient les chiens, adorée dans les
carrefours, là où les routes se divisent en trois directions,
déesse des évocations infernales, et qu’invoquent les magiciennes
pour leurs enchantements. C’est encore l’Artémis de Tauride,
divinité sanglante à qui étaient sacrifiés les étrangers que la mer
jetait sur les côtes de ce pays, et dont l’image, rapportée en
Grèce par Iphigénie et Oreste fut déposée par eux dans le
sanctuaire de Braurôn. C’est enfin l’Artémis d’Asie Mineure,
honorée à Éphèse, divinité orientale, dont le sein est couvert
d’innombrables mamelles, symbole de l’action fécondante qui
entretient la vie dans la nature entière. Mais si ces divinités
d’origines diverses s’introduisirent plus tard en certaines régions
de la Grèce, elles ne firent point oublier la vierge divine que la
Grèce avait honorée d’abord et dont la poésie grecque retrace la
chaste et sévère beauté : cf.
Il. 5, 52,
etc. ; Od.
4, 122, etc. ;
Hh. Ap.
199 ; Ven.
19, 118, etc.
||
E Voc. Ἄρτεμι, Od. 20, 61 ; El. N.A. 7, 15, etc. ; ou Ἄρτεμις, Anth. 6, 157, 240.
Gén. dor. Ἀρτέμιτος, Alcm.
(Eust. 1618,
29) etc. Acc. Ἄρτεμιν, Hh. Ven. 16. Plur. Ἀρτέμιδες, Ph. bybl.
fr. 2, 20.
Étym.
pré-grec.