ἄλλ’

ἀλλά

ἀλλᾷ
ἀλλά [λᾰ] conj. adversative, mais (litt. d’un autre côté, autrement) :
I entre deux prop. :
1 après une prop. affirm. en relat. avec μέν : αὐτὸς μὲν ἐγὼ μενέω νεῶν ἐν ἀγῶνι, ἀλλ’ ἕταρον πέμπω, Il. 16, 240, quant à moi je resterai dans cet endroit où sont réunis les vaisseaux, mais j’envoie mon compagnon (pour combattre) ||
2 après une prop. nég.: οὔ τ’ ἄρα Τρωσίν, ἀλλὰ σοὶ μαχούμεθα, Soph. Ph. 1253, ce n’est certes pas contre les Troyens, mais contre toi que nous combattrons ; οὐ χαλεπήν, ἀλλὰ παντάπασιν ἀδύνατον, Xén. An. 5, 6, 10, non pas difficile, mais tout à fait impossible ; en ce sens οὐ, μή souv. accompagné de μόνον, et ἀλλά seul ou suivi de καί : οὐ μόνον ἅπαξ, ἀλλὰ πολλάκις, Plat. Phædr. 228a, non seulement une fois, mais plusieurs ; οὐ μόνον... ἀλλὰ καί, Att. etc. non seulement... mais encore ; de même οὐχ ὅπως (ou μὴ ὅπως) ... ἀλλά, Att. ; μὴ ὅτι (ou οὐχ ὅτι) ... ἀλλά, Att. non seulement... mais encore ; après une prop. nég. ou interr. représentée par οὐ, οὔ τις, οὐδείς, ou τίς, accompagnés ou non de ἄλλος ou de ἕτερος, ἀλλά peut se traduire par que, excepté, sinon : ἔπαισεν οὔτις... ἀλλ’ ἐγώ, Soph. O.R. 1331, nul n’a frappé, sinon moi ; ἄλλη πόλις οὐδεμία... ἀλλὰ Θρᾷκες, Xén. An. 6, 4, 2, aucun autre État que les Thraces ; τίνες ἄλλοι ἀλλ’ οἱ ἄδικοι; Xén. Hier. 5, 2, quels autres que les hommes injustes ? dans cette construction, ἀλλά est souvent suivi de  : ἀργύριον μὲν οὐκ ἔχω ἀλλ’ ἢ μικρόν τι, Xén. An. 7, 7, 53, quant à de l’argent, je n’ai qu’une petite somme ; de même dans les inscr. att. : τὴν δὲ γῆν μὴ ἐξεῖναι ἐξάγειν μηδενὶ ἀλλ’ ἢ εἰς αὐτὸ τὸ χωρίον, CIA. 2, 1055, 27 (345 av. J.-C.) quant à la terre, il n’est permis à personne de l’emporter, sinon pour la transporter dans le terrain même (v. Meisterh. p. 214, 241) ||
3 après une prop. affirm. et avant une prop. nég., au sens de mais non, et non pas, et non : ἔνθ’ ἄλλοι μὲν πάντες ἐπευφήμησαν Ἀχαιοί· ἀλλ’ οὐκ Ἀτρείδῃ Ἀγαμέμνονι ἥνδανε θυμῷ, Il. 1, 24, alors tous les autres Grecs l’approuvèrent, mais cela ne plaisait point au cœur de l’Atride Agamemnon ||
4 après une prop. commençant par εἰ ou εἰ μή, ἀλλά (ou ἀλλά γε) peut se traduire par mais du moins ou simpl. du moins : εἰ σῶμα δοῦλον, ἀλλ’ ὁ νοῦς ἐλεύθερος, Soph. fr. 677, si le corps est esclave, l’esprit du moins est libre ; εἰ μὴ πάντα, ἀλλὰ πολλά γε ἴστε, Din. 2, 15, si vous ne savez pas tout, du moins vous savez beaucoup ; εἰ δὲ μὴ ὁρῶ, ἀλλ’ ἀκούω γε, Plat. Gorg. 470d, si je ne vois pas, du moins j’entends ; en ce sens, ἀλλά est souv. renforcé par οὖν : εἰ μὴ... ἀλλ’ οὖν, Plat. Leg. 859b, 885e, 918c, etc. si... ne pas..., du moins donc ; dans cette construction, la prop. commençant par εἰ peut se sous-entendre : ὦ θεοὶ πατρῷοι, συγγένεσθέ γ’ ἀλλὰ νῦν, Soph. El. 411, ô dieux de mes pères, aujourd’hui du moins assistez-moi ! (s. e. si vous ne l’avez pas fait auparavant) ||
II au commenc. d’une phrase :
1 c. transition : ἀλλὰ καὶ ὡς, Il. 1, 116 (je la préfère même à Clytemnestre), toutefois même ainsi (je consens à la rendre); ἀλλ’ οὐδ’ ὡς, Od. 1, 6 (son cœur endura mille souffrances, tandis qu’il luttait pour sauver ses compagnons), mais, même à ce prix, il ne put (les sauver) ||
2 c. objection à une pensée antérieure exprimée ou s. e. : ἀλλὰ μάλ’ ὤφελλες Διΐ τ’ ἄλλοισίν τε θεοῖσιν ῥέξας ἱερὰ κάλ’ ἀναϐαινέμεν, Od. 4, 472, eh bien mais en vérité tu aurais dû, avant de t’embarquer, offrir de beaux sacrifices à Zeus et aux autres dieux (si tu voulais retourner promptement dans ta patrie); cf. Xén. Conv. 1, 1 ||
3 en réponse à une prop nég. où la négation n’est pas exprimée, et où l’on sous-entend « non certes » Eschl. Pers. 345 ||
4 pour interrompre brusquement un développement : ἀλλὰ ταῦτα μὲν τί δεῖ λέγειν; Soph. Ph. 11, mais à quoi bon parler de cela ? cf. Ph. 1291 ||
5 souv. dans le dialogue, au sens de eh bien mais ; eh bien : ἀγαθὸν εἰ βούλει με καλεῖν, ἀλλὰ βούλομαι, Plat. Gorg. 449a, veux-tu m’appeler bon ? eh bien mais j’y consens ; ἀλλ’ ὁμολογῶ, Plat. Gorg. 476d, eh bien, j’en conviens ; cf. Eur. Hec. 391, etc. ||
6 en réponse à une object. dans la loc. ἀλλ’ ὅμως (sans verbe) mais néanmoins, mais cependant, tout de même, Eur. Or. 1023 ; Ar. Ach. 408 ||
7 c. exhortation au sens de allons ! ἀλλ’ ἄγε, Il. 13, 292 ; 22, 254 ; 23, 537 ; 24, 618, etc. ; Od. 13, 215, etc. ; mais voyons ! particul. avec un impér. : ἀλλ’ ἄγ’... ἴτω, Il. 20, 355, mais voyons, qu’un homme aille, etc. ; cf. Il. 5, 221, etc. ; sans ἄγε, avec un impér. ou un sbj. ἀλλ’ ἴομεν, Il. 10, 126 ; ἀλλὰ πορευώμεθα, Xén. An. 6, 5, 14, allons, marchons ! cf. Xén. Cyr. 1, 5, 13 ; Eur. Ph. 473, etc. ; Plat. Rsp. 327b, Prot. 311a, etc. ||
8 pour renforcer une affirm. ou une nég. : νὴ τοὺς θεοὺς ἀλλ’ ἐπιθυμῶ, Plat. Gorg. 481c, par les dieux, mais certes je désire ; μὰ τὸν Δία ἀλλ’ ἐγώ... Plat. Gorg. 463d, par Zeus, certes non je... etc. ; avec ἀλλά redoublé : μὰ Δί’ ἀλλ’ οὐκ ἠγνόουν ἔγωγε, ἀλλὰ σαφῶς ἐγίγνωσκον, Plat. 1 Alc. 110c, non certes, par Zeus, je ne l’ignorais pas ; au contraire je savais très bien ||
III ἀλλά forme des locut. avec diverses particules :
1 ἀλλ’ ἄρα, mais alors, au sens d’une transit. Il. 6, 418, ou pour introduire une object. fondée sur ce qui précède, Plat. Ap. 25a ||
2 ἀλλὰ γάρ ou ἀλλὰ... γάρ, mais... car, mais en effet, litt. mais (cela n’est pas) car, etc. ; avec deux verbes dépendant l’un de ἀλλά, l’autre de γάρ, Soph. Ph. 81 ; Eur. Ph. 1307 ; le verbe dépendant de ἀλλά est qqf. s. e. Hdt. 8, 8 ; Eschl. Pr. 941, etc. ; particul. pour prévoir une objection : ἀλλὰ γὰρ φήσει τις, Plat. Rsp. 365c, mais en effet, dira-t-on, litt. mais (cela n’est pas) dira-t-on, car, etc. ||
3 ἀλλ’ οὖν, eh bien donc, eh bien alors, Plat. Prot. 327c ; Ar. Pl. 1148, etc. ; ou pour marquer une concession, eh bien donc, soit, Plat. Prot. 310a ||
4 οὐ μὴν ἀλλά, néanmoins : ὁ ἵππος πίπτει καὶ μικροῦ αὐτὸν ἐξετραχήλισεν οὐ μὴν ἀλλ’ ἐπέμεινεν ὁ Κῦρος, Xén. Cyr. 1, 4, 8, le cheval tombe et peu s’en fallut qu’il ne précipitât Cyrus ; mais ce dernier resta en selle (litt. οὐ μὴν ἐξετρ. ἀλλ’ ἐπέμ. ὁ Κ.) ||
5 ἀλλά se joint encore à d’autres particules qui le renforcent simplement ; ἀλλὰ καὶ... δέ, Xén. Œc. 11, 22 (ex. d’ailleurs douteux), mais certes ; ἀλλ’ ἤτοι, Il. 1, 140 ; ἀλλὰ δή, Soph. Aj. 1271, O.C. 586 ; ἀλλὰ μὲν δή, Plat. Theæt. 143b ; ἀλλά τοι, Eschl. Pers. 795 ; ἀλλὰ μέντοι, Plat. Rsp. 331e, Prot. 331c, Phæd. 108d, etc. ; ἀλλὰ μήν, Eur. I.A. 1368 ; Xén. Mem. 1, 1, 6, etc. ; Plat. Phæd. 75a, Rsp. 370d, etc. ; ἀλλὰ μὴν καί, Xén. Mem. 1, 2, 4 ; ἀλλὰ μὴν καὶ... γε, Plat. Rsp. 389b, etc. ; ἀλλὰ μήν που, Plat. Euthyd. 281a, etc. mais certes, mais bien certainement ||
E ἀλλά est qqf. placé après un ou plusieurs mots : λέγ’ ἀλλὰ τοῦτο, Soph. El. 417, eh bien, dis-le ; cf. Soph. O.C. 1272, El. 331 ; Eur. I.A. 1239, Hec. 388, etc.
Étym. plur. neutre d’ἄλλος, avec chang. d’accent.