χέω (impf. ἔχεον, f. χέω, ao. ἔχεα, pf. inus. ;
pass. f. χυθήσομαι, ao. ἐχύθην [ῠ], pf. κέχυμαι [ῠ], pl. q. pf. ἐκεχύμην [ῠ])
A
I verser,
répandre :
1 en
parl. de liquides : ὕδωρ,
Il. 16, 385,
faire pleuvoir ou au sens ord.
ὕδωρ, Il.
3, 270 ; 9, 15,
174 ; 16, 4 ; Od. 1, 146 ; 3, 330 ; 9, 210 ;
21, 2, verser de l’eau ; ὕδωρ ἐπὶ χεῖρας, Od.
4, 216, verser de l’eau sur les mains ;
cf. Soph.
O.C. 478 ;
δάκρυα, Od.
24, 46 ; Il.
7, 426 ; 16,
318 ; 17, 235 ; Od. 24, 46, répandre des
larmes ; δάκρυα ἀπ᾽ ὀφθαλμῶν,
Eur. Cycl.
404, répandre des larmes de ses
yeux : au pass. Il. 23, 385 ; cf. Od. 4, 523 ; οἶνον χαμάδις,
Il. 23, 220,
répandre du vin à terre ; αἷμα,
Eur. Or.
1398 ; El.
486, 514, répandre du sang ;
en parl. de la pluie, de la neige :
χέειν χιόνα, Eur. Cycl. 329, répandre de la neige ; abs. χέειν, Il. 12, 281, m. sign. ; au pass.
χυθέντος πάγου, Soph. Ph. 293, litt. la gelée
s’étant répandue ||
2 en
parl. de l’air, de vapeurs, etc. : ἀὴρ χεῖται, Plat.
Ax. 371d, l’air se répand,
circule ; χύτο πάλιν ἀήρ, Od. 7, 143, la vapeur se
dissipa : κέχυτ᾽ ἀχλὺς κατὰ
ὀφθαλμῶν, Il. 5, 696 ; 16, 344 ;
20, 421, un brouillard se répandit sur
ses yeux ; χέειν πνεῦμα, Anth. 13, 28, souffler
(dans une flûte); ἠέρα, Od. 7, 15, répandre du
brouillard, de l’obscurité ; au pass. se
répandre, en parl. de la nuit du Tartare,
Hés. Th.
727 ; particul. en
parl. des sacrifices offerts aux mânes : τύμϐῳ χέειν χοάς, Eschl.
Ch. 85,
répandre des libations sur un tombeau ; cf. Eschl. Ch. 90, 107, 127 ;
Soph. El.
84 ; au pass.
Eschl. Ch.
154 ||
3 en
parl. de choses sèches, laisser tomber, répandre :
φύλλα, Il.
6, 147, des feuilles ; ἄλφιτα, Od. 2, 354, 380, répandre de la farine ; δοῦρα, Il. 5, 618 ; βέλη,
Q. Sm. 6, 530 ;
Anth. 12, 19,
répandre une pluie de javelots, de traits ; au
pass. en parl. des prétendants
tués : ἐπ’ ἀλλήλοισι κέχυντο,
Od. 22, 389,
ils étaient jetés les uns sur les autres ; de
même en parl. d’oies tuées, Od.
19, 539 ; de poissons
pêchés, Od. 22,
387 ; χέειν σῆμα, Il. 24, 799, 801 ;
Od. 1, 291 ;
2, 222 ; 11,
75, verser ou amonceler la terre
qui marque le lieu de sépulture ; de même
χ. τύμϐον, Il.
7, 336 ; Od.
4, 584 ; 12,
14, amonceler la terre qui s’élève en tertre, qui forme une
tombe ; χυτὴν ἐπὶ γαῖαν ἔχευαν,
Il. 23, 256 ;
Od. 3, 258, ils
répandirent en monceau de la terre sur le mort ; χ. κόνιν κὰκ κεφαλῆς, Il.
18, 24 ; Od.
24, 317, secouer de la poussière sur sa
tête ; κρέας, Il. 9, 215, servir sur la
table des viandes rôties ||
4 p.
anal. en parl. de pers. ou
d’animaux, se répandre à flots : en
parl. de pers. Il. 16, 267 ; 19, 356 ;
Od. 10, 415 ;
en parl. d’animaux (brebis, Il. 5, 141 ; chèvres,
Thcr. Idyl.
5, 129); fig.
se jeter avec effusion : ἀμφί τινι,
Il. 19, 284 ;
Od. 8, 527, au
cou de qqn ||
5 p.
anal. en parl. du son : φωνήν, Od. 19, 521 ; φθόγγον,
Eschl. Sept.
73, répandre, faire retentir la voix ;
μέλος, Alc.
messén. A. Pl. 226, faire entendre un chant ; cf. Eschl. Suppl. 626 ; au pass. T. Locr.
101b,
etc. ||
6 fig. χέειν ὕπνον ἐπὶ
βλεφάροισιν, Il. 14, 165 ; Od. 2, 395 ; 12, 338, verser
le sommeil sur les paupières ; au pass.
Od. 19, 590 ;
κάλλος κὰκ κεφαλῆς, Od. 23, 156, répandre sur
la tête de la beauté ; δόλον περὶ δέμνια
χεῦεν, Od. 8,
282, il répandit une ruse, c. à d.
un piège, autour du lit ; au pass.
νόσος κέχυται, Soph. Tr. 855, la maladie se répand ; ἀμφὶ
δέ οἱ θάνατος χύτο, Il.
13, 544, la mort s’était répandue autour
de lui ; θυμός οἱ ἐχύθη, A. Rh. 3, 1009, son cœur
fut inondé de joie ; κεχυμένος εἰς τὰ
ἀφροδίσια, Luc. Sacr. 5, qui s’abandonne
aux plaisirs des sens ; πρὸς πᾶσαν
ἡδονήν, Alciphr. 1, 6, à tous les plaisirs ||
II en
mauv. part, répandre, relâcher, Pd.
P. 4, 75 ;
γῆ χεῖται, Xén.
Œc. 16, 12, la
terre est meuble ; κεχυμέναι σάρκες,
Arstt. H.A.
8, chairs relâchées, flasques, molles ;
cf. Th.
C.P. 3, 4, 4 ;
τὰ κεχυμένα, Plat. Tim. 66c, ce qui se relâche,
p. opp. à τὰ
ξυνεστῶτα ; fig. κεχυμένη φράσις, DH.
Isocr. 2,
style lâche ||
III laisser s’affaisser,
tomber : χέειν ἡνία ἔραζε,
Il. 17, 619,
laisser tomber les rênes à terre ; cf.
Od. 22, 20,
85 ; δέσματα ἀπὸ κρατός,
Il. 22, 468,
rejeter les bandelettes de sa tête ; πτερὰ
ἔραζε, Od. 15,
527, jeter des plumes à terre ||
B Moy. χέομαι (impf. ἐχεόμην, f. χέομαι, ao. ἐχεάμην, ao. 2 ἐχύμην, pf. κέχυμαι, pl. q. pf. ἐκεχύμην) :
I tr. :
1 répandre :
τι, Plat.
Tim. 83e, qqe ch. (de la
sueur, une larme, etc.); κρατῆρα, Plut. Arist. 21, répandre le
contenu d’un cratère ; particul.
épancher : χοάς, Od. 10, 518 ; 11, 26 ; Eschl.
Pers. 216 ;
Soph. O.C.
478 ; Eur.
Or. 472 ;
Hdt. 7, 42, des
libations ; p. anal. en parl. de traits, Il.
8, 159 ; 15,
590 ||
2 laisser tomber,
jeter : πήχεε ἀμφί τινα,
Il. 5, 314, ses
bras autour de qqn ||
3 en
mauv. part, relâcher, amollir, acc. Plut. M. 388c ||
II intr. se répandre : πόντον
ἔπι, Il. 7,
63, sur la mer, en parl. d’un
frissonnement des eaux ||
E Act. impf. 3 sg. poét. χέε,
Il. 23, 220,
765. Impf. itér. χέεσκον, Sib. 1, 111. Fut. 3 sg. réc.
χεεῖ, Spt.
Malach. 3, 3.
Ao. réc. ἔχευσα, Anth. 14, 124. Pf. en compos.
-κέχυκα, Mén.
(Com. fr. 4,
294); Pol. 5,
84 ; A. Pl. 242. Pass. f. réc. 3 sg.
χεθήσεται, Gal.
7, 317 ; ao.
part. χεθείς, Gal. 1, 433 ; pf. κέχυμαι [ῠ] Il. 5, 141 ; Pd. I. 1, 4 ; Att. ; 3 sg. κέχυται [ῡ p. exc. à l’arsis] Sib.
1, 139 ; pl. q. pf. 3
sg. épq. κέχυτο [ῠ] Il. 5, 696, etc. Moy. f. att. part. χεόμενον, Is. 61, 22. Formes épq. procédant de
deux thèmes :
1 thème χευ-: fut. χεύω, Il. 7, 336 ; Od. 2, 222 ; ao. ἔχευα, Il. 3, 270 ; 4, 269 ; ou χεῦα, Il. 14, 436 ; Od. 4, 584, etc. ;
d’où sbj. 1 plur. χεύομεν (p. χεύωμεν) Il. 7, 336 ; moy. ao. épq.
ἐχευάμην (dans Hom.
seul. 3 sg. ἐχεύατο au sens pass. Il.
7, 63); ao. 2
ἐχύμην au sens
pass. ; dans Hom. seul. 3 sg.
χύτο, Il.
23, 385 ; Od.
7, 143 ; 3 pl.
ἔχυντο, Il.
10, 415 ; χύντο, Il. 4, 526 ; part.
χύμενος, Eschl.
Ch. 401,
Eum. 263 ;
Eur. Her.
76 ||
2 thème χει- :
χείω, Hés.
Th. 83 ;
part. ao. χειάμενος, Opp. C. 3, 172. La contraction dans ce verbe et ses composés est
indifférente pour le groupe -εε chez les
Épq. (χέε, Il. 23, 220, 765,
à côté de σύγχει, Il. 9, 612 ; 13, 808 ;
χεῖσθαι, Od.
10, 508) et chez les
Att. (κατέχεε, Ar. Nub. 74 ; συνέχεε, Dém. 1124, 2, etc. ; à côté de
ἐνέχεις, Ar.
Pl. 1021 ;
ἐξέχει, Eschl.
Ag. 1029,
etc.) ; elle se fait
touj. pour le groupe -εει chez les
Att. (ἐκχεῖ, Soph. El. 1291 ; συγχεῖ,
Eur. I.A.
37 ; καταχεῖν,
Ar. Eq.
1091) mais non chez
les Épq. (v. Il. 6, 147 ; 9, 15 ; Hés. O. 419); elle ne se fait d’ordin. ni chez les Épq. ni chez les Att.
pour les groupes εη, εο, εω,
excepté part. ἐγχεῦντα, Thcr. Idyl. 10, 54 ;
et impér. ao. pass. ἐγχοῦ, Mén. (Com. fr. 4, 153).
Étym. R.
indo-europ. *ǵheu-, verser,
d’où χευ-, χεϝ-,
χε- ; cf. χεύω, lat. fu- de fundō.