δοκεύω

δοκέω-ῶ

δόκημα
δοκέω-ῶ (f. δόξω, ao. ἔδοξα, pf. inus., v. ci-dessous ; pl. q. pf. ἐδεδόχειν ; pass. ao. ἐδόχθην, pf. δέδογμαι, pl. q. pf. ἐδεδόγμην)
A sembler, paraître, d’où :
I abs.
1 avoir l’apparence de, p. opp. à la réalité, paraître, p. opp. à être : οὐ γὰρ δοκεῖν ἄριστος, ἀλλ’ εἶναι θέλει, Eschl. Sept. 592, car il veut non paraître juste et brave, mais l’être ; μελετητέον οὐ τὸ δοκεῖν ἀγαθόν, ἀλλὰ τὸ εἶναι, Plat. Gorg. 527b, car il faut avoir à cœur non de paraître bon, mais de l’être ; μὴ ὄντες ἀλλὰ δοκοῦντες, Plat. Rsp. 421a, des gens qui ne sont pas, mais qui ont l’air d’être (les gardiens des lois, etc.) ; de même p. opp. à βούλεσθαι : τῷ δοκεῖν μὲν οὐχὶ χρῄζων, τῷ δὲ βούλεσθαι θέλων, Eur. I.A. 338, en apparence tu n’y aspirais point ; mais, à sonder ta volonté, tu le désirais ||
2 avoir de l’apparence, faire bonne figure, paraître qqe ch.: ὁρῶ τὰ τῶν θεῶν, ὡς τὰ μὲν πυργοῦσ’ ἄνω τὰ μηδὲν ὄντα, τὰ δὲ δοκοῦντ’ ἀπώλεσαν, Eur. Tr. 608, je vois comme la volonté des Dieux élève jusqu’aux sommets ce qui n’est rien, et renverse jusqu’à le détruire ce qui a l’air d’être qqe ch. ; εὐτυχίαν τῶν πάρος οὐ δοκούντων, Eur. Her. 897, la prospérité de ceux qui auparavant ne paraissaient pas (être qqe ch.) ; οἱ δοκοῦντες, Eur. Hec. 295, ceux qui ont du renom, p. opp. à οἱ ἀδοξοῦντες ||
II avec un déterminatif (verbe ou nom)
1 paraître, sembler : en parl. de visions, de songes : ἐδοξάτην μοι δύο γυναῖκ’ εἰς ὄψιν μολεῖν, Eschl. Pers. 181, je crus voir deux femmes s’avancer sous mes yeux ; joint pléonast. à φαίνεσθαι : ὥστε λευκοτέραν τε καὶ ἐρυθροτέραν τοῦ ὄντος δοκεῖν φαίνεσθαι, Xén. Mem. 2, 1, 22, au point de paraître plus blanche et plus rouge qu’elle n’était en réalité ; cf. Xén. Cyr. 8, 3, 14 ; Plat. Rsp. 381e ||
2 paraître (après réflexion ou après examen) : ὥς μοι δοκεῖ εἶναι ἄριστα, Il. 12, 215, comme cela me semble être le mieux ; δοκέεις δέ μοι οὐκ ἀπινύσσειν, Od. 5, 342, tu me parais ne pas manquer de sagesse ; avec l’inf. fut. δοκέει δέ μοι ὧδε λώϊον ἔσσεσθαι, Il. 6, 338, cela me semble devoir être mieux ainsi ; avec l’inf. ao. (jamais dans Hom.) : τί δ’ ἂν δοκεῖ σοι Πρίαμος ποιῆσαι; Eschl. Ag. 935, que te semble-t-il qu’aurait fait Priam ? ἄξιοι ὑμῖν δοκοῦντες, Thc. 1, 76, nous qui vous paraissons dignes de, etc. ; particul. en parl. de gens soupçonnés d’un crime : ἂν δ’ ἁλῷ καὶ δοκῇ τοὔργον εἰργάσθαι, Dém. 643, 25, s’il vient à être pris et qu’il paraisse avoir fait le coup ; cf. Thc. 2, 21 ; 5, 16 ||
3 p. suite, avoir la réputation d’être, être considéré comme, passer pour : οἱ δοκοῦντες εἶναί τι, Plat. Gorg. 472a, ceux qui passent pour être qqe ch. ; ἐδόκει τις εἶναι, Plut. Arist. 1, il passait pour être un homme (d’un jugement supérieur) ||
III paraître, avoir l’air de, feindre de, d’ord. précédé d’une nég. (οὐ, μή) : οὔτε ἀνεϐόησεν οὔτε ἔδοξε μαθέειν, Hdt. 1, 10, ni elle ne jeta un cri, ni elle ne parut s’être aperçue de rien ; ἤκουσα τοῦ λέγοντος οὐ δοκῶν κλύειν, Eur. Med. 67, j’entendais, sans avoir l’air d’entendre, celui qui parlait ; πόσους δοκεῖς ὁρῶντας μὴ δοκεῖν ὁρᾶν, Eur. Hipp. 462, combien voient, à ton avis, qui n’ont pas l’air de voir (cf. Xén. Hell. 4, 5, 6 ; Plat. Euthyphr. 5c) ; μὴ νῦν ὁρᾶν δοκῶμεν αὐτόν, Ar. Pax 1051, pour le moment, n’ayons pas l’air de le voir ||
IV paraître bon : εἰ δοκεῖ σοι ταῦτα, Eschl. Ag. 944, si cela te paraît convenable ; τὸ σοὶ δοκοῦν ἡδέως ἂν ἀκούοιμι, Plat. Rsp. 487e, j’entendrais volontiers ton avis ; παρὰ τὸ δοκοῦν ἡμῖν, Thc. 1, 84, contrairement à ce qui nous paraît bon ; τὰ δοκοῦντα περὶ τῆς ἀληθείας λέγειν, Plat. Rsp. 349a, exprimer son opinion sur la vérité ; particul. en parl. de décisions ayant force de loi, de décrets, etc.: τοιαῦτ’ ἔδοξε τῷδε Καδμείων τέλει, Eschl. Sept. 1025, voilà ce qu’ont décidé les magistrats des Cadméens ; impers. ἔδοξε dans la formule initiale des décrets : ἔδοξε τῇ βουλῇ, Ar. Th. 372 ; ἔ. τῷ δήμῳ, Thc. 4, 118 ; ἔ. τῇ βουλῇ καὶ τῷ δήμῳ, Plat. Phædr. 258a, le sénat a décidé, le peuple a décidé, le sénat et le peuple ont décidé ; τὰ δεδογμένα, Hdt. 3, 76, le décret, la décision ; τὰ δόξαντα, Soph. El. 29, les résolutions (d’Oreste) ; de même dans un grand nombre de locut. formant parenthèse : ὡς ἐμοὶ δοκεῖ, Eschl. Sept. 369, à mon avis ; εἰ δοκεῖ, Soph. Ph. 1402, si tu veux ; avec l’inf. ὡς ἐμοὶ δοκέειν, Hdt. 2, 124 ; ἐμοὶ δοκεῖν, Eschl. Pers. 246 ; ἐμοὶ δοκέειν, Hdt. 3, 45 ; δοκεῖν ἐμοί, Soph. El. 410 ; δοκέειν ἐμοί, Hdt. 1, 172 ; δοκεῖν δέ μοι, Thc. 8, 64 ; ou sans μοι, δοκεῖν, Xén. An. 4, 5, 1, à ce qu’il me semble, à mon avis ; — au participe abs. δόξαν αὐτοῖς ὥστε διαναυμαχεῖν (pour ὅτε ἔδοξεν αὐτοῖς, etc.) Thc. 8, 79, comme ils avaient décidé d’engager le combat sur mer ; δόξαν ἡμῖν ταῦτα (s. e. πράττειν) Plat. Prot. 314c, lorsque nous eûmes pris ce parti ; δόξαντα δὲ ταῦτα καὶ περανθέντα, τὰ στρατεύματα ἀπῆλθε, Xén. Hell. 3, 2, 19, lorsque ces décisions eurent été prises et exécutées, les troupes s’éloignèrent, δόξαντος τούτου, Xén. Hell. 1, 1, 36, cela ayant été décidé ||
B penser, croire, d’où :
I se figurer (par l’imagination), en parl. de visions, de songes : τεκεῖν δράκοντ’ ἔδοξεν, Eschl. Ch. 527, elle crut avoir enfanté un dragon ; ἔδοξ’ ἰδεῖν τρεῖς κόρας, Eur. Or. 408, je crus voir trois vierges (les Euménides) ; cf. Eur. I.T. 44 ; Ar. Vesp. 15 ||
II croire (après réflexion ou après examen) :
1 prop. croire, juger, penser : ὁρᾷς γὰρ οὐδὲν ὧν δοκεῖς σάφ’ εἰδέναι, Eur. Or. 259, car tu ne vois rien de ce que tu crois savoir et tenir pour certain ; rar. sans inf. τούτους τι δοκεῖτε; Xén. An. 5, 7, 26, ces gens que croyez-vous qu’ils sont ? avec περί : δοκέω δέ, εἴ τι περὶ τῶν θείων πρηγμάτων δοκέειν δεῖ, Hdt. 9, 65, or je pense, s’il est permis de penser qqe ch. des affaires divines ; avec un inf. ao. ἡδέως δ’ ἄν μοι δοκῶ κοινωνῆσαι, Xén. Cyr. 8, 7, 25, il me semble qu’il me plairait de devenir une partie de ce tout ; avec l’inf. prés. ταῦτ’ ἄν μοι δοκῶ ἡδέως ἀκούειν σου, Xén. Œc. 6, 11, j’imagine que je t’entendrais avec plaisir expliquer, etc. ; dans un grand nombre de locut. formant parenthèse : δοκῶ μοι, Plat. Theag. 121d ; ἐμοὶ μὲν δοκῶ, Lync. (Ath. 129a) je crois, je pense : ou sans μοι : δοκῶ μέν, Soph. El. 61, 547 ; O.C. 995 ; Eur. Suppl. 771 ; Plat. Parm. 126b, m. sign., de même δοκεῖς, Plat. Leg. 687e, tu le penses bien ; τοῦτον λαϐοῦσα, πῶς δοκεῖς ; καθύϐρισεν, Eur. Hipp. 446, Vénus s’empare de lui, et l’accable, Dieu sait comme ! κἄπειθ’ ὁ δῆμος ἀναϐοᾷ, πόσον δοκεῖς ; Ar. Eccl. 399, et après cela le peuple jette les hauts cris, tu peux penser combien ||
2 penser, espérer : ἐπεὶ δοκέω νικησέμεν Ἕκτορα, Il. 7, 192, car je pense vaincre Hector ; οὐ γάρ σε δοκέω πείθεσθαί μοι, Hdt. 1, 8, car je n’espère pas te persuader ||
3 penser à, songer à, se proposer de : εὖτ’ ἂν δ’ ἀείδειν δοκῶ, Eschl. Ag. 16, et lorsque je pense à chanter ||
III juger bon, d’où décider, avec l’inf. fut. ταῦτά μοι δοκῶ ὑπερϐήσεσθαι, Eschn. 61, 8, je suis décidé à passer par là-dessus ; τὸν οὖν Δία μοι δοκῶ χαίρειν ἐάσας ἐνθάδ’ αὐτοῦ καταμενεῖν, Ar. Pl. 1186, je suis donc décidé à envoyer promener Zeus et à rester résolument ici même ; sans μοι : γνῶθι τίνα πέμπειν δοκεῖς (conj. -εῖ) Eschl. Sept. 650, décide qui tu crois devoir envoyer ; au pass. être jugé bon, paraître bon, être décidé : οὕτω δέδοκται, Soph. Ph. 1277, cela a été ainsi décidé ; δέδοκταί μου κατθανεῖν, Eur. I.A. 1375, je suis condamnée à mourir ; de même au participe : πάλαι ποτ’ ἐστὶ τοῦτ’ ἐμοὶ δεδογμένον, Eur. Her. 1, depuis longtemps déjà c’est une opinion arrêtée dans mon esprit ; δεδογμέν’, ὡς ἔοικε, τήνδε κατθανεῖν, Soph. Ant. 576, c’est chose décidée, selon toute apparence, qu’elle meure ; — avec le dat. de la personne à qui s’applique la décision : δέδοκται τοῖσι πρώτοισι τῶν μαντίων ἀπόλλυσθαι, Hdt. 4, 68, il est décidé que les premiers des devins doivent périr ||
Moy. (part. prés. ion. δοκεύμενος) s’imaginer, penser, avec l’inf. fut. Opp. C. 4, 109 ||
E Act. prés. ind. ion. δοκέω, Il. 7, 192, etc. ; Hdt. 2, 125 ; etc. ; opt. ion. δοκέοιμι, Thgn. 339 ; 3 sg. -έοι, Hdt. 8, 19 ; opt. att. δοκοίην, Thc. 4, 11 ; Isocr. 5, 98 Baiter-Sauppe, etc. Impf. ion. ἐδόκεον, Hdt. 3, 65 ; 3 sg. ἐδόκεε, Hdt. 1, 10 ; 1 pl. dor. ἐδοκεῦμες, Thcr. Idyl. 13, 1 ; 3 pl. poét. δόκεον, A. Rh. 4, 666. Impf. itér. réc. δοκέεσκον, Anth. 5, 299. Fut. δόξω, Pd. N. 4, 37, Hdt. 8, 80 ; Att. (Eschl. Ag. 415 ; Plat. Phædr. 275a, etc.) ; fut. dor. 2 pl. δοξεῖτε, Ar. Ach. 741 ; sur le fut. δοκήσω, v. ci-dessous. Ao. opt. δόξαιμι, Plat. Ap. 34c ; αις, Plat. Phædr. 275d ; mais δόξειε, Plat. Rsp. 337e ; δόξαιμεν Plat. Pol. 280c ; 2 pl. inus. ; 3 pl. δόξαιεν (δόξειαν, Dind. Sauppe) Xén. Cyr. 2, 1, 23. Pf. inus. Pl. q. pf. 3 pl. ἐδεδόχεσαν, DC. 44, 26. Pass. ao. ἐδόχθην, Pol. 21, 8 ; DS. 11, 50 ; etc. Pf. δέδογμαι, Hdt. 8, 100 ; Att. (Thc. 3, 49 ; etc.). Pl. q. pf. 3 sg. ἐδέδοκτο (var. δέδοκτο) Hdt. 5, 96 ; 9, 74 ; Plat. Menex. 244 ; Plut. Cæs. 28. — Les formes des fut. ao. et pf. en δοκη-, ἐδοκη-, δεδοκη- sont poét., ion., dor. ou de prose réc.: fut. δοκήσω, Eschl. Pr. 386 ; Eur. Her. 261 ; Ar. Nub. 562, Ran. 737, etc. ; en ion. seul. Hdt. 4, 74 ; fut. dor. δοκησῶ, Thcr. Idyl. 1, 150. Ao. ἐδόκησα, Pd. O. 13, 56 ; 3 sg. δόκησε, Od. 20, 92 ; impér. 3 sg. δοκησάτω, Eschl. Sept. 1036 ; Jos. A.J. 17, 6, 5 ; part. δοκήσας, Eur. Suppl. 129 ; Ar. Ran. 1485. Pf. 3 sg. δεδόκηκε, Eschl. Eum. 309 ; inf. δεδοκηκέναι, Orig. Ref. hær. p. 175 Mill. Pass. ao. ἐδοκήθην, Anth. 8, 188 ; part. δοκηθείς, Eur. Alc. 1161, etc. Pf. 2 sg. δεδόκησαι, Eur. Med. 763 ; 3 sg. δεδόκηται, Pd. N. 5, 19 ; de même, ion. Hdt. 7, 16 ; Hpc. Epist. 9, 402.
Étym. δέκομαι, v. δέχομαι.