εἰ
εἶεἰ, épq. et dor.
αἰ, conj. si,
usitée dans les prop. conditionnelles, dans les
prop. d’interr. indirecte, et pour marquer une simple
éventualité :
A Propositions conditionnelles. —
I avec l’indicatif d’un temps principal :
1 lorsque la supposition indiquée dans la prop. conditionnelle
est considérée comme possible et réalisable ; dans ce cas, le verbe
de la prop. conditionnelle ou antécédente (πρότασις) et celui de la prop.
conséquente (ἀπόδοσις)
se mettent au présent : εἰ δοκεῖ, πλέωμεν, Soph.
Ph. 526, si tu
en es d’avis, embarquons-nous et partons ; εἰ δ’
οὕτω τοῦτ’ ἔστιν, ἐμοὶ μέλλει φίλον εἶναι, Il. 1, 564, s’il en est
comme tu le dis, c’est qu’apparemment cela m’est agréable ||
2 lorsqu’on fait une supposition conforme ou non à la réalité,
pour en déduire une conclusion logique ; dans ce cas, la prop.
conditionnelle ou antécédente se construit avec l’indicatif, et, si
elle est négative, avec μή,
et la prop. conséquente également à l’indicatif,
et, si elle est négative, avec οὐ : εἰ θεοί τι δρῶσιν
αἰσχρόν, οὐκ εἰσὶ θεοί, Eur.
fr. 294, 7, si les dieux font qqe chose
de honteux, ils ne sont pas dieux ; εἰ μὲν θεοῦ
ἦν, οὐκ ἦν αἰσχροκερδής· εἰ δ’ αἰσχροκερδής, οὐκ ἦν θεοῦ,
Plat. Rsp.
408c, si
(Asklèpios) était fils d’un dieu, il n’était pas cupide ; s’il
était cupide, il n’était pas fils d’un dieu. L’indicatif de la prop. conséquente peut être remplacé par
l’opt. avec ἄν, si l’on veut exprimer la pensée sous une forme moins
affirmative : εἰ οὗτοι ὀρθῶς
ἀπέστησαν, ὑμεῖς ἂν οὐ χρεὼν ἄρχοιτε, Thc. 3, 40, s’ils ont eu le
droit de se révolter, c’est qu’alors vous commanderiez sans droit ;
πολλὴ ἄν τις εὐδαιμονία εἴη περὶ τοὺς νέους, εἰ
εἷς μὲν μόνος αὐτοὺς διαφθείρει, οἱ δ’ ἄλλοι ὠφελοῦσιν,
Plat. Ap.
25b, ce
serait un grand bonheur pour les jeunes gens, s’il était vrai qu’un
seul homme les corrompt, tandis que tous les autres leur sont
utiles ||
II avec l’indicatif d’un temps secondaire, lorsque la condition
marquée dans la prop. commençant par εἰ n’a pas été remplie ; dans ce
cas, on emploie dans les deux prop. (antécédente et conséquente) l’indic. d’un temps secondaire, sans ἄν dans la prop. antécédente,
avec ἄν dans la
prop. conséquente ; en outre, avec μή dans la prop. antécédente, si
cette prop. est négative. Le temps de l’indicatif employé
est :
1 l’imparfait, si l’action indiquée dans la prop.
conditionnelle, bien que se rapportant au présent, suppose une idée
de durée antérieure : ταῦτα οὐκ ἂν
ἐδύναντο ποιεῖν, εἰ μὴ διαίτῃ μετρίᾳ ἐχρῶντο, Xén. Cyr. 1, 2, 16, ils ne pourraient faire cela, s’ils
n’avaient pas un régime de vie sobre ; ou si
l’action se rapporte au passé avec une idée de durée :
οὐκ ἂν νήσων ἐκράτει, εἰ μή τι καὶ ναυτικὸν
εἶχεν, Thc. 1,
9 (Agamemnon) n’aurait pas commandé aux îles, s’il n’avait
pas eu en même temps une certaine force navale ||
2 à
l’aoriste, si l’action se rapporte au passé sans idée de
durée : εἰ μὴ ὑμεῖς ἤλθετε,
ἐπορευόμεθα ἂν ἐπὶ βασιλέα, Xén.
An. 2, 1, 4,
si vous n’étiez pas venus, nous aurions marché contre le grand roi
||
3 au
plus-que-parfait, si l’action est considérée comme achevée et que
l’effet dure encore : εἰ τριάκοντα
μόναι μετέπεσον τῶν ψήφων, ἀπεπεφεύγη ἄν, Plat. Ap. 36a, s’il y avait eu
seulement trente suffrages de plus déposés (dans l’urne) en ma
faveur, j’aurais été acquitté, c. à d. je
serais acquitté à l’heure qu’il est ||
III avec l’indicatif futur, lorsque l’action exprimée par la
prop. conséquente est subordonnée à un événement futur incertain,
indiqué dans la prop. conditionnelle ; dans ce cas, la prop.
conditionnelle peut se construire avac le subjonctif accompagné
de ἄν, la
conj. εἰ se
fondant alors avec ἄν en ἐάν (v. ce mot), mais souvent aussi
avec l’indicatif futur, et, si cette proposition est négative,
avec μή ; la
prop. conséquente se construit toujours avec l’indicatif
futur : εἰ τιμωρήσεις Πατρόκλῳ τῷ
ἑταίρῳ τὸν φόνον καὶ Ἕκτορα ἀποκτενεῖς, αὐτὸς ἀποθανεῖ,
Plat. Ap.
28c, si tu
venges la mort de ton compagnon Patrocle, et que tu fasses périr
Hector, tu mourras toi-même ; εἰ μὴ βοηθήσετε,
οὐ περιέσται τἀκεῖ, Thc.
6, 91, si vous n’envoyez pas de secours,
la situation là-bas sera intenable ; εἰ μὴ
καθέξεις γλῶσσαν, ἔσται σοι κακά, Eur. fr. 5, si tu ne
contiens pas ta langue, il t’arrivera malheur. En poésie, on trouve qqf. le sbj. prés. (avec κε pour ἄν) au lieu de l’indic. fut. dans la prop. conditionnelle et le
sbj. ao. (avec κε pour ἄν) dans la prop.
conséquente : εἰ δέ κε μὴ δώῃσιν,
ἐγὼ δέ κεν αὐτὸς ἕλωμαι, Il.
1, 324, si (Achille) ne veut pas donner
(Briséis), eh bien ! j’irai moi-même la prendre de force ||
IV avec le subjonctif accompagné de ἄν (εἰ se fondant avec ἄν
en ἐάν
ou ἤν)
lorsque la condition exprimée dans la prop.
antécédente se trouve remplie, et que la prop. conséquente marque
une action qui, dans ce cas, s’accomplit toujours ou se répète
chaque fois que se reproduit la réalisation de la condition
exprimée (sur ce cas, voy.
ἐάν). En poésie,
κεν étant substitué à ἄν, εἰ persiste : εἰ
δέ κεν ὣς ἔρξῃς καί τοι πείθωνται Ἀχαιοί, γνώσῃ,
etc. Il.
2, 364, si tu agissais ainsi et que les
Grecs t’obéissent, tu apprendrais, etc.
Si la condition se rapporte au passé, et que,
dès lors, le verbe de la prop. conséquente soit à un temps
secondaire, le subjonctif avec ἄν de la
prop. conditionnelle est remplacé par l’optatif sans
ἄν : ποτὸν δὲ πᾶν
ἡδὺ ἦν τῷ Σωκράτει διὰ τὸ μὴ πίνειν, εἰ μὴ διψῴη,
Xén. Mem.
1, 3, 5, toute boisson était agréable à
Socrate, parce qu’il ne buvait que s’il avait soif ; — au lieu de l’opt. on trouve l’impf. sans ἄν : ἐμίσει οὐκ εἴ τις κακῶς
πάσχων ἠμύνετο, ἀλλ’ εἴ τις εὐεργετούμενος ἀχάριστος
φαίνοιτο, Xén. Ages. 11, 3, Agésilas
haïssait non celui qui, maltraité, se vengeait, mais celui qui,
recevant un bienfait, se montrait ingrat ; cf. Xén. An. 5, 1, 16 ;
5, 5, 14 ||
V avec l’optatif sans ἄν dans la
prop. conditionnelle auquel répond l’optatif avec ἄν dans la prop. conséquente :
1 lorsque la condition marquée dans la prop. conditionnelle
est présentée comme une opinion ou une supposition de la personne
qui parle : εἰ μὲν νῦν ἐπὶ ἄλλῳ
ἀεθλεύοιμεν, ἦ τ’ ἂν ἐγὼ τὰ πρῶτα φεροίμην, Il. 23, 274, si en ce
moment nous luttions en l’honneur de quelque autre (que Patrocle),
certes je remporterais le premier prix ; οὐδὲ
γὰρ ἄν με ἐπαινοίη, εἰ ἐξελαύνοιμι τοὺς εὐεργέτας,
Xén. An.
7, 7, 11, car il ne me ferait pas
compliment, si je renvoyais mes bienfaiteurs ; εἰ δ’ ἀναγκαῖον εἴη ἢ ἀδικεῖν ἢ ἀδικεῖσθαι, ἑλοίμην ἂν
μᾶλλον ἀδικεῖσθαι, Plat.
Gorg. 469c, s’il me fallait
absolument ou commettre ou subir une injustice, j’aimerais mieux la
subir ||
2 lorsque la prop. conditionnelle marque une action qui se
répète ou un fait habituel ; dans ce cas, les deux prop. se
construisent sans ἄν, et le verbe de la
prop. conséquente se met à un temps passé de l’indic.
(impf. ou
pl. q. pf.) : εἴ
του φίλων βλέψειεν οἰκετῶν δέμας, ἔκλαιεν ἡ δύστηνος
εἰσορωμένη, Soph. Tr. 908, apercevait-elle
quelqu’un des serviteurs qui lui étaient chers, l’infortunée
pleurait en le regardant ; εἴ τις ἀντείποι,
εὐθὺς ἐτεθνήκει, Thc. 8, 66, tout homme qui contredisait était un homme
mort. Au lieu de l’optatif dans la prop.
conditionnelle, on trouve qqf. l’impf. de l’indic.
εἴ τίς τι ἐπηρώτα, ἀπεκρίνοντο,
Thc. 7, 10,
quelqu’un demandait-il quelque chose, ils répondaient ||
3 lorsque les deux prop. (antécédente et conséquente) dépendent d’une prop. principale dont le verbe est à
l’impf. ἐλογίζοντο ὡς, εἰ μὴ μαχοῖντο,
ἀποστήσοιντο αἱ πόλεις, Xén.
Hell. 6, 4, 6,
ils calculaient que, s’ils ne combattaient pas, les villes feraient
défection ; dans ce cas, les deux prop. se
construisent sans ἄν, et, si la prop. antécédente est négative, la négation
s’exprime par μή :
ἔλεγεν ὅτι, εἰ βλαϐερὰ πεπραχὼς εἴη, δίκαιος εἴη
ζημιοῦσθαι, Xén. Hell. 5, 2, 32, il disait
que, s’il avait fait tort (à qqn), il méritait d’être puni.
Par attract., au lieu de l’opt., on trouve en
prose ion. εἰ avec l’inf., sans
ἄν : εἰ γὰρ δὴ
δεῖν πάντως περιθεῖναι ἄλλῳ τέῳ τὴν βασιληΐην, (ἔφη) δικαιότερον
εἶναι, Hdt. 1,
129 (pour εἰ
δεῖ ou εἰ
δέοι), car, s’il fallait absolument attribuer la royauté à
quelque autre, il serait plus juste, disait-il (litt. il disait que, s’il fallait, etc., il serait plus juste) ; cf. Hdt. 2, 64, 172 ; 3, 105, 108
||
VI Remarque. La prop. conditionnelle commençant par
εἰ est qqf. exprimée seule sans la prop.
conséquente qui l’accompagne d’ordinaire :
1 lorsque la prop. conditionnelle dépend d’un verbe impliquant
l’idée de la prop. conséquente : ᾤκτειρον εἰ ἁλώσοιντο, Xén.
An. 1, 4, 7,
ils s’apitoyaient sur eux-mêmes pour le cas où ils seraient pris,
c. à d. sur le sort (qui les attendait)
s’ils venaient à être pris ||
2 lorsque la prop. conditionnelle suppose par elle-même une
prop. conséquente nécessaire au développement du sens :
εἴ περ γάρ κ’ ἐθέλῃσιν Ὀλύμπιος
στυφελίξαι, Il. 1, 580, car si le dieu de l’Olympe voulait (nous)
précipiter (de nos trônes) (s. e. il le
pourrait bien) ; particul. lorsque la prop.
conditionnelle est suivie d’une autre prop. conditionnelle
impliquant la négation de l’idée contenue dans la première ; dans
ce cas, la première prop. suppose une conséquente comme «
εὖ ou
καλῶς ἔχει, c’est bien » :
εἰ μὲν δώσουσι γέρας· εἰ δέ κε μὴ δώωσιν, ἐγὼ δέ
κεν αὐτὸς ἕλωμαι, Il. 1, 135, s’ils me donnent la récompense, (rien de
mieux) ; sinon, je saurai la prendre moi-même ; εἰ μὲν σύ τι ἔχεις πρὸς ἡμᾶς λέγειν· εἰ δὲ μή, ἡμεῖς πρὸς σὲ
ἔχομεν, Xén. An. 7, 7, 15, si tu as
quelque chose à nous dire, (c’est bien) ; sinon, nous avons, nous,
à te parler ||
3 dans
les prop. optatives commençant par εἰ
γάρ (épq. αἲ
γάρ) ou qqf. εἰ seul, et qui supposent une prop. antérieure telle que
« ce serait chose souhaitable, etc. » ;
αἲ γὰρ ἐμοὶ τοσσήνδε θεοὶ δύναμιν
παραθεῖεν, Od. 3, 205, oh ! si les dieux (m’)avaient doté d’une
telle puissance ! εἰ γὰρ γενοίμην ἀντὶ σοῦ
νεκρός, Eur. Hipp. 1410, ah ! puissé-je
mourir à ta place ! on rencontre qqf. l’opt.
même avec εἰ seul : ἀλλ’ εἴ τις
καλέσειεν, Il. 10, 111, mais si quelqu’un appelait, c. à d. je voudrais qu’on appelât, etc. ||
VII À
l’emploi de εἰ conditionnel se rattache
l’usage de cette conjonction après les verbes ou les loc. qui
marquent l’étonnement (θαυμάζω),
la satisfaction (ἀγαπῶ), la honte
ou la confusion
(αἰσχύνομαι, αἰσχρόν ἐστιν), l’indignation ou le mécontentement (ἀγανακτῶ, βαρέως ou
χαλεπῶς φέρω, λυπεῖ με), etc. ; en ce sens εἰ exprime avec une sorte d’atténuation le même
rapport d’idées que ὅτι
(cf. lat.
miror si) ; si la prop.
conditionnelle est négative, la négation s’exprime par
μή : ἐθαύμαζε δ’
εἴ τις ἀρετὴν ἐπαγγελλόμενος ἀργύριον πράττοιτο,
Xén. Mem.
1, 2, 7, il s’étonnait qu’on fît sonner
bien haut ses prétentions à la vertu et qu’on battît monnaie ;
οὐκ ἀγαπᾷ εἰ μὴ δίκην δέδωκεν, ἀλλ’ εἰ μὴ καὶ
χρυσῷ στεφάνῳ στεφανωθήσεται ἀγανακτεῖ, Eschn. 74, 28, il ne se
contente pas de n’avoir pas été puni, il s’indigne encore à la
pensée de n’être pas couronné de la couronne d’or ; ἀγανακτῶ εἰ τὰ μὲν χρήματα λυπεῖ τινας ὑμῶν εἰ
διαρπασθήσεται, τὴν δ’ Ἑλλάδα πᾶσαν οὑτωσὶ Φίλιππος ἐφεξῆς ἁρπάζων
οὐ λυπεῖ, Dém. 8, 55 Baiter-Sauppe, je m’indigne qu’il y en ait
parmi vous qui s’affligent à la pensée que leurs biens seront
pillés, tandis que le spectacle présent de la Grèce entière ainsi
pillée par Philippe ne les afflige pas.
B Interrogation indirecte, avec
l’indicatif, le subjonctif ou l’optatif. —
I Avec l’indicatif :
1 après
les temps principaux, lorsqu’on emploierait le présent, l’imparfait
ou le parfait dans l’interr. dir. : σάφα δ’ οὐκ οἶδ’ εἰ θεός ἐστιν, Il. 5, 183, je ne sais pas
clairement si c’est un dieu ; de même, lorsque
la prop. commençant par εἰ équivaut au
franç. si... ne pas (lat. dubito ou haud scio... an) :
οἶδεν οὐδεὶς τὸν θάνατον οὐδ’ εἰ τυγχάνει πάντων
μέγιστον ὂν τῶν ἀγαθῶν, Plat.
Ap. 29a, au sujet de la mort,
personne ne sait ce qu’elle est, ni si elle n’est pas le plus grand
de tous les biens ; en parl. d’une action
passée : σκέψασθε εἰ ἄρα τοῦτο καὶ
μωρότατον πεποιήκασιν οἱ βάρϐαροι, Xén. An. 3, 2, 22, examinez si vraiment ce n’est pas la plus
grande folie que les barbares aient commise ||
2 après
un temps secondaire, lorsque l’interrogation se rapporte à un
événement futur : ψῆφον ἐϐούλοντο
ἐπαγαγεῖν, εἰ χρὴ πολεμεῖν, Thc.
1, 119, ils voulaient faire voter sur la
question de savoir s’il fallait faire la guerre ||
II avec le subjonctif :
1 après
les temps principaux, lorsqu’on emploierait le futur dans une
interr. dir. τὰ δ’ ἐκπώματα οὐκ οἶδ’ εἰ
Χρυσάντᾳ τούτῳ δῶ, Xén.
Cyr. 8, 4, 16,
quant aux coupes, je ne sais si je ne dois pas les donner à
Khrysantas que voilà ||
2 après
un temps secondaire, si la question se rapporte à un événement
futur : ἐϐουλεύοντο εἴτε
κατακαύσωσιν... εἴτε τι ἄλλο χρήσωνται, Thc. 2, 4, 6 (les Platéens)
délibéraient s’ils devaient faire périr (les Thébains) par le feu
en incendiant l’édifice, ou les traiter de qqe autre façon ||
III avec l’optatif après un temps secondaire, avec ou
sans ἄν, selon
qu’on emploierait ou non cette particule dans l’interr.
dir. : ἤρετο εἴ τις ἐμοῦ εἴη
σοφώτερος, Plat. Ap. 21a, il demandait s’il y avait quelqu’un plus sage que
moi (interr. dir. ἔστι
τίς σόφ. ;) ; ἠρώτων εἰ δοῖεν ἂν τούτων
τὰ πιστά, Xén. An. 4, 8, 7, ils
demandaient s’ils consentiraient à donner des gages de ces
promesses (interr. dir. δοίητε ἄν ;) ||
IV Lorsque la prop. d’interr. indir. est négative, la négation
est représentée, selon le cas, par οὐ ou
par μή, comme si l’interr. était
directe :
1 par οὐ : ἐνετέλλετο εἰρωτᾶν εἰ οὔ τι ἐπαισχύνεται,
Hdt. 1, 90, il
(leur) ordonna de demander (au dieu) s’il n’avait pas quelque
honte, etc. (interr.
dir. οὐ) ||
2 par μή : ἐρωτῶ, εἰ τοῦ μὲν δικαίου μὴ ἀξιοῖ πλέον ἔχειν μηδὲ βούλεται
ὁ δίκαιος, τοῦ δὲ ἀδίκου, Plat.
Rsp. 349b, je (te) demande si
le juste aurait la prétention ou la volonté de l’emporter non sur
un autre juste, mais seulement sur celui qui est injuste
(interr. dir. μή, à
cause de la réponse négative qu’implique la question).
Dans les interr. indir. à deux membres
(εἰ... ἤ) la prop.
négat. admet indifféremment οὐ et
μή : σκοπῶμεν εἰ
ἡμῖν πρέπει, ἢ οὔ, Plat.
Rsp. 451d, examinons si cela
nous sied ou non ; νῦν ἔμαθον ὃ λέγεις· εἰ δὲ
ἀληθές, ἢ μή, πειράσομαι μαθεῖν, Plat. Rsp. 339a, à présent je sais
ce que tu dis, mais cela est-il vrai ou non ? c’est ce que je vais
tâcher d’apprendre.
C Idée d’éventualité incertaine. — La conj. εἰ se rencontre sans idée de condition, ni d’interrogation
proprement dite, et simplement pour marquer une éventualité
incertaine, par exemple, lorsqu’on peut sous-entendre devant la
proposition commençant par εἰ
les mots « pour voir », « pour savoir »,
ou les mots « au cas que », « pour le cas
où » : παρέζεο καὶ λαϐὲ γούνων, αἴ κέν πως
ἐθέλῃσιν ἐπὶ Τρώεσσιν ἀρῆξαι, Il.
1, 407, va t’asseoir près de (Zeus) et
embrasse ses genoux, pour voir s’il voudrait par hasard porter
secours aux Troyens ; ἔδοξεν οὖν Κλεάρχῳ
συγγενέσθαι τῷ Τισσαφέρνει, εἴ πως δύναιτο παῦσαι τὰς
ὑποψίας, Xén. An. 2, 5, 2, Cléarque
jugea bon de s’aboucher avec Tissapherne pour tâcher, s’il le
pouvait, de faire cesser ces soupçons ; ἄκουσον
καὶ ἐμοῦ, ἐάν σοι ταὐτὰ δοκῇ, Plat.
Rsp. 358b, écoute-moi aussi
pour voir si tu seras du même avis que moi. Dans
cette construction la prop. commençant par εἰ se rapportant toujours à l’avenir, le verbe de
cette prop. peut être à l’optatif après un présent
historique : ἐκπλαγεὶς ἵεται, εἴ τι
δύναιτο βοηθῆσαι, Xén. Cyr. 7, 3, 15, Cyrus
consterné s’avance pour voir s’il pourrait porter quelque secours,
ou en cas qu’il puisse porter quelque
secours.
D εἰ joint à des pronoms ou
particules. — εἰ forme avec certains pronoms ou particules diverses
locutions :
I avec μή :
1 εἰ
μή, si... ne pas (lat.
nisi), elliptiq. sans
verbe après une négation au sens de « sinon » :
οὐδὲν ἄλλο σιτέονται εἰ μὴ ἰχθῦς μοῦνον,
Hdt. 1, 200,
ils ne mangent d’autre plat que du poisson ; τὸ
στράτευμα ὁ σῖτος ἐπέλιπε καὶ πρίασθαι οὐκ ἦν εἰ μὴ ἐν τῇ Λυδίᾳ
ἀγορᾷ, Xén. An. 1, 5, 6, l’armée
manqua de vivres, et il n’y avait pas moyen d’en acheter sinon au
marché lydien ; avec un gén. abs.
κἂν διεφθάρησαν, εἰ μὴ Ἀθηνίωνος κακώσαντος
Ἡρώδην καὶ τοὺς Ἰουδαίους, Jos.
A.J. 15, 5, 1,
et ils auraient péri, si Athénion n’eût malmené Hérode et les
Juifs. De même dans les locut.
εἰ μὴ ὅσον, excepté seulement,
Hdt. 2, 73 ;
εἰ μὴ εἰ (cf.
lat. nisi si)
m. sign. Thc.
1, 17 ; Plat.
Gorg. 480b ; εἰ μή τι οὖν, m. sign.
Plat. Men.
86e ;
εἰ μὴ διά (v.
διά) ; πλὴν εἰ
(v. πλήν)
||
2 εἰ δὲ
μή (lat. si
minus, sin aliter) sinon,
autrement : εἰ βούλεσθε συναπιέναι, ἥκειν
ἤδη κελεύει τῆς νυκτός· εἰ δὲ μή, αὔριον πρωῒ ἀπιέναι φησίν,
Xén. An.
2, 2, 1, si vous voulez partir avec
(Ariée), il vous prie de venir cette nuit même ; sinon, dit-il, il
partira demain de bonne heure ; qqf. après une
prop. elle-même négative : μὴ οὕτω
λέγε· εἰ δὲ μή, οὐ θαρροῦντά με ἕξεις, Xén. Cyr. 3, 1, 35, ne parle pas ainsi, autrement (ou sinon)
tu vas me décourager ; εἰ δὲ μή
s’emploie même par opp. à ἐὰν μέν, au lieu de
ἐὰν δὲ μή, Dém.
129, 14 ||
3 εἰ μὴ
ἄρα (lat. nisi
forte) εἰ μή πέρ γε, à moins
toutefois que, formules ironiques, toujours
construites avec l’indic. : πῶς ἂν ὁ
τοιοῦτος ἀνὴρ διαφθείροι τοὺς νέους; εἰ μὴ ἄρα ἡ τῆς ἀρετῆς
ἐπιμέλεια διαφθορά ἐστιν, Xén.
Mem. 1, 2, 8,
comment un tel homme corromprait-il les jeunes gens ? à moins qu’il
ne soit vrai de dire que l’étude de la vertu est un moyen de
corruption ; οὐδαμῶς εἰ μή πέρ γε,
Xén. Œc.
1, 13, nullement, à moins qu’en vérité,
etc. ||
II avec δέ :
1 εἰ
δέ au sens de εἰ δὲ μή, surt. après une prop. où
se trouve le verbe βούλομαι :
λέγω πάλιν, εἰ μὲν βούλεσθε, ὡς παίζων· εἰ
δ’, ὡς σπουδάζων, Plat. Leg. 688b, je le répète, si
vous le voulez, en manière de plaisanterie ; sinon, sérieusement ;
εἰ μὲν βούλεται, ἑψέτω· εἰ δ’, ὅ τι βούλεται
τοῦτο ποιείτω, Plat. Euthyd. 285c, qu’il (me) fasse bouillir, s’il veut ; s’il ne
veut pas, qu’il me fasse subir tout autre traitement qu’il lui
plaira ||
2 souv.
dans les locut. εἰ δ’ ἄγε
(19 fois dans Homère), εἰ δ’ ἄγετε (1 fois),
simpl. εἰ δέ
(2 fois) au sens d’une
interj. eh bien ! voyons ! εἰ δ’ ἄγ’ ἐγὼν
αὐτὸς δικάσω, Il. 23, 579, eh bien ! voyons, je proposerai pour ma
part une décision ; Ἀντίλοχ’, εἰ δ’ ἄγε
δεῦρο, Il. 17,
685, eh bien ! voyons, Antilokhos, viens ici ; εἰ δ’ ἄγε μήν, πείρησαι, Il.
1, 302, eh bien ! voyons, essaie ;
cf. Il.
1, 524 ; 8,
18 ; 19, 107 ; Od. 1, 271 ; 9, 37 ; 21, 217,
etc. ; de même,
εἰ δ’ ἄγετε, Il.
22, 381 ; εἰ
δέ : εἰ δέ, σὺ μέν μευ
ἄκουσον, Il. 9,
262, mais voyons, toi, écoute-moi ; εἰ δὲ
καὶ αὐτοὶ φευγόντων, Il.
9, 46, eh bien ! qu’ils fuient eux aussi
||
III avec divers pronoms, conjonctions ou
particules :
1 avec τις ou τι : εἴ τις (lat. si quis) s’il en fut jamais : ὄτλον ἄλγιστον ἔσχον, εἴ τις Αἰτωλὶς γυνή,
Soph. Tr.
8 (moi qui) avais à redouter, si jamais
femme d’Étolie eut à le craindre, le joug (de l’hymen) le plus
douloureux ; particul. avec ἄλλος :
εἴ τις ἄλλος, εἴ τις καὶ ἄλλος
(v. ἄλλος) : ἔκαιον καὶ χιλὸν καὶ
εἴ τι ἄλλο χρήσιμον ἦν, Xén.
An. 1, 6, 1,
ils brûlaient le fourrage et tout ce qui pouvait être de quelque
utilité ||
2 εἴ
ποτε, si jamais (il en fut ainsi) : εἴ ποτέ τοι ἐπὶ νηὸν ἔρεψα, τόδε μοι κρήηνον ἐέλδωρ,
Il. 1, 39, s’il
est vrai que (litt. si jamais) je t’ai
construit un temple, exauce mon désir ; dans le
disc. indir. Il. 2, 97 ; εἴ ποτ’ ἔην γε,
Il. 3, 180 ;
11, 762 ; 24,
426 ; Od. 15,
268 ; 19, 315 ; 24, 289 ; Xén. An. 6, 4, 12, etc. ||
3 εἴ
ποθι, si jamais (il en fut ainsi) Od. 12, 96 ; 17, 195 ; Soph.
Aj. 886
||
4 εἴ
ποθεν, si de quelque lieu, Il.
9, 380 ; Od.
1, 115, etc. ;
Soph. Ph.
1204 ||
5 εἴ
που, si en qqe façon, Il.
6, 330, etc. ;
εἴ τί που, Od.
4, 193, m.
sign. ||
6 εἴ
πως, si en qqe manière, si par hasard, Od. 4, 388, 800 ;
Xén. An.
2, 3, 11 ||
7 avec γάρ :
εἰ γάρ (v.
ci-dessus A. VI, 3) ||
8 avec -θε (v. εἴθε) ||
9 avec καί :
εἰ καί (par fusion
avec ἄν, ἐὰν
καί), ou καὶ
εἰ (par fusion avec ἄν, καὶ ἐάν) même si, quand
bien même, alors même que, etc.
(cf. lat.
etsi, etiamsi) : πάντες ποταμοὶ εἰ
καὶ πρόσω τῶν πηγῶν ἄποροί εἰσι, προΐουσι πρὸς τὰς πηγὰς διαϐατοὶ
γίγνονται, Xén. An. 3, 2, 22, tous les
fleuves, alors même qu’on ne peut les franchir loin de leur source,
deviennent guéables, si l’on s’avance dans le voisinage des
sources ; Μυσοῖς βασιλεὺς πολλοὺς μὲν ἡγεμόνας
ἂν δοίη καὶ ὁδοποιήσειέ γ’ ἂν αὐτοῖς, καὶ εἰ σὺν τεθρίπποις
βούλοιντο ἀπιέναι, Xén.
An. 3, 2, 24,
le roi donnerait aux Mysiens des guides nombreux ; bien plus, il
leur fraierait des routes, alors même qu’ils voudraient se retirer
avec des attelages à quatre chevaux ; avec un
présent ou un passé, au sens du lat. quippe : εἰ καὶ πρότερον μὴ
εἴθισται λέγειν ἐν ἀνδράσι, Lys.
32, 11 Baiter-Sauppe, alors même qu’elle
n’a jamais eu l’habitude de parler devant des hommes ||
10 avec ὡς ou ὥσπερ :
ὡς εἰ, ὡς εἴ τις, ὥσπερ εἰ (v. ὡς et ὥσπερ) ||
11 avec δή : εἰ δή (v. δή) ||
12 avec περ :
εἴπερ (v. ce
mot) ||
13 avec γε : εἴ γε (v. γε) ||
14 avec τε (v. εἴτε) ||
IV postér. et par transcript. d’un hébraïsme, dans les formules
de serment : (que je cesse d’être le Seigneur) si
jamais, etc. Spt. Gen. 14, 23, Num. 14, 30 ; 1 Reg.
3, 14 ; Ps.
86, 36 ; 94,
11.
E Crases. εἰ se joint par crase :
1 à ἄν, d’où ἐάν, par contract. ἤν
(v. ἐάν
et ci-dessus) ||
2 à καί, d’où κεἰ (v. καί). ||
E Épq. et dor. αἰ,
Hom. ll. cc. ;
Thcr. Idyl.
5, 64 ; 8,
85 ; etc. ; d’où αἴπερ, Thcr. Idyl. 8, 37 ; αἴτε, Thcr. Idyl. 5, 74 ; αἴκα (p. αἴκε) Thcr. Idyl. 1, 9 ; 5, 21,
etc.
Étym.
Étymol. inconnue ; cf. p.-ê. εἶ-τα, d’un εἰ démonstr. « alors
».