ἐπεί
Ἐπειγεύςἐπεί, conj.
A (avec idée de temps)
I après que,
lorsque :
1 avec
l’indic. d’ord. à l’ao., pour marquer que
l’action s’est faite à un moment précis : ἐπεί ῥ’ εὔξαντο, Il.
1, 458, après qu’ils eurent prié ;
ἐπεὶ Κῦρος κατεπέμφθη σατράπης Λυδίας καὶ
Φρυγίας, Xén. An. 1, 9, 7, lorsque Cyrus
eut été envoyé comme satrape de Lydie et de Phrygie ; cf. Il. 1, 57 ; etc. ;
à l’impf. pour marquer une action ou une manière
d’être d’une certaine durée : ἐπεὶ
ἠσθένει Δαρεῖος καὶ ὑπώπτευε τὴν τελευτὴν τοῦ βίου,
Xén. An.
1, 1, 1, comme Darius s’affaiblissait et
avait le sentiment qu’il touchait au terme de sa vie ; p. opp. à un ao. ἐπεὶ ὑπηντίαζεν ἡ
φάλαγξ καὶ ἡ σάλπιγξ ἐφθέγξατο, Xén. An. 6, 5, 27, après que la ligne eut commencé à
s’avancer, et quand la trompette eut résonné ||
2 avec
le sbj. accompagné de ἄν
(poét. κε),
lorsqu’il s’agit d’un événement futur indiqué
comme possible : οὐ γὰρ ἔτ’ ἄλλη
ἔσται θαλπωρή, ἐπεὶ ἂν σύγε πότμον ἐπίσπῃς, Il. 6, 412, car il n’y aura
plus autrement de joie (pour moi), lorsque tu auras, toi, subi le
destin ; ou d’un fait indiqué comme
prochain : ἐμὲ δ’ ἄξει, ἐπεί κε
πυρὸς θερέω, Od. 17, 23, (ton serviteur) me conduira, aussitôt que je
me serai chauffé ; ou d’un fait impliquant une
idée de répétition ou d’habitude : ἐγὼ δ’ ὀλίγον τε φίλον τε ἔρχομ’ ἔχων ἐπὶ νῆας, ἐπεί κε κάμω
πολεμίζων, Il. 1, 168, mais moi, je n’emporte sur mes navires
qu’une petite part, après m’être fatigué en combattant ;
en ce sens, qqf. sans ἄν (ou κε) : ὅστ’ ἐπεὶ οὖν ποιήσῃ
ἀθύρματα, ἂψ αὖτις συνέχευε, Il.
15, 363, (comme un enfant) qui, après
avoir en se jouant construit des édifices de sable, les renverse et
les confond ; cf. Od. 20, 86 ; Hh. Ap. 158 ; Soph. Ant. 1025, O.C. 1226, etc. ||
3 avec
l’opt. sans ἄν (ou κε) pour marquer une idée de
répétition ou d’habitude : ἀλλ’ ὅγ’,
ἐπεὶ ζεύξειεν ὑφ’ ἅρμασιν ὠκέας ἵππους, Il. 24, 14, mais lui,
chaque fois qu’il attelait à son char ses coursiers agiles ;
cf. Il.
8, 269 ; Od.
24, 254 ; Thc.
8, 38 ; Xén.
Cyr. 1, 6,
34 ; 5, 3, 55 ; 8, 3, 21 ; An.
1, 5, 2 ; 4, 2,
28, etc. ; — ou
dans le disc. indir. ὡς παυσομένους τοῦ
διωγμοῦ, ἐπεὶ σφᾶς ἴδοιεν, Xén.
Cyr. 1, 4, 21,
(espérant) que l’ennemi cesserait la poursuite, quand on
apercevrait leur mouvement ; cf.
Xén. An.
7, 2, 27, etc.
||
4 avec
l’inf., par attract. d’un inf. dépendant du verbe de la prop.
princip., dans le disc. indir. : ἐπεὶ δὲ σφέας παραλαμϐάνειν τοὺς Ἕλληνας,
Hdt. 7, 150,
lorsque ensuite les Grecs voulurent les faire entrer (dans la
ligue) || Rem. En ces
divers sens, ἐπεί est souv. renforcé par un adv., une locut. adv. ou une
particule : αὐτίκ’ ἐπεί,
Il. 12, 393 ;
Od. 14, 153 ;
ἐπεὶ τάχιστα, Eschl. Pr. 199 ; Xén. An. 7, 2, 6 ; ἐπεὶ εὐθέως, Xén.
Hell. 3, 2,
4 ; ἐπεὶ τὰ πρῶτα, Il. 12, 420 ; ἐπεὶ τὸ πρῶτον, Eschl.
Ag. 1286,
aussitôt que, dès que ; ἐπεὶ ἄρ,
Il. 6, 426 ;
9, 409, etc. ;
ἐπεί ῥ’, Il.
1, 458 ; 15,
418 ; ἐπεὶ οὖν, Il. 1, 57 ; 3, 4 ; ion. ἐπεὶ ὦν, Hdt. 3, 9, lors donc que ; ἐπεὶ γὰρ
δή, Hdt. 9,
70, lorsqu’en effet ||
II depuis que,
avec l’ao. : ὃς
μάλα πολλὰ πλάγχθη ἐπεὶ Τροίης πτολίεθρον ἔπερσε,
Od. 1, 2,
(Ulysse) qui a beaucoup erré sur mer, depuis qu’il a détruit la
ville de Troie ; δέκατον μὲν ἔτος τόδ’ ἐπεὶ
Μενέλαος ἠδ’ Ἀγαμέμνων στόλον ἦραν, Eschl. Ag. 40, voici la dixième année depuis que Ménélas et
Agamemnon ont emmené une flotte ; — avec
l’impf. ἐπεὶ ᾤχεο νηῒ Πύλονδε,
Od. 16, 23, (et
je ne pensais pas te revoir), depuis que tu étais parti sur un
vaisseau pour Pylos ; cf. Eur. I.T. 260 ; — avec un prés.
ἐπεὶ δὲ φροῦδός ἐστιν Ἀργείων στρατός, οὐδὲν
οἶδ’ ὑπέρτερον, Soph. Ant. 15, et depuis que
l’armée des Argiens a disparu, je ne sais rien qui doive ajouter (à
notre bonheur ou à nos maux) ||
B pour marquer une suite dans le raisonnement :
I avec idée de cause, puisque, car :
1 avec
l’ind. ἐπεὶ ὑμεῖς οὐ βούλεσθε
συμπορεύεσθαι, ἀνάγκη μοι μεθ’ ὑμῶν ἰέναι, Xén. An. 1, 3, 5, puisque vous ne voulez pas marcher avec
moi, il me faut bien aller avec vous ; ἐπὶ οὐδὲ
ἔοικε, Il. 1,
119, car (litt. puisque) cela ne
serait pas convenable ; cf. Il. 1, 112 ; 1, 231 ; 2, 171 ;
6, 333 ; etc. ; Pd. O. 4, 13 ; 6, 90 ; Eschl. Pr. 347, etc. ; même au commenc. d’une
phrase servant à expliquer ce qui vient d’être dit :
ἐπεὶ καὶ μετὰ τὰ Τρωϊκὰ ἡ Ἑλλὰς ἔτι μετανίστατό
τε καὶ κατῳκίζετο, ὥστε μὴ ἡσυχάσασαν αὐξηθῆναι,
Thc. 1, 12, (au
temps de la guerre de Troie, la Grèce ne disposait que de
ressources médiocres), et en effet (litt.
puisque) même après la guerre de Troie, elle était encore
travaillée par des bouleversements et des migrations, si bien
qu’elle ne put s’accroître faute de repos ||
2 avec
l’ind. accompagné de ἄν,
ou avec l’opt.
accompagné de ἄν (ou κε) pour marquer un événement futur indiqué comme
possible : νῦν γάρ χ’ Ἕκτορ’ ἕλοις,
ἐπεὶ ἂν μάλα τοι σχεδὸν ἔλθοι, Il.
9, 304, car tu pourrais tuer Hector à ce
moment, puisqu’il viendrait tout près de toi (pour te combattre) ;
cf. Od.
1, 236 ; 4,
64 ; — lorsque ἐπεί est en relation avec une
prop. nég., il peut se traduire par « puisque autrement », «
car autrement » : οὐ φιλόπονός ἐστιν, ἐπεὶ
ἤρκει ἂν αὐτῷ τοῦτο ἀντὶ πάντων γυμνασίων, Xén. Cyr. 2, 2, 31, il n’aime pas les besognes difficiles, car
autrement cela lui vaudrait une dispense des autres exercices ;
ἐπεὶ ὑμεῖς γε, εἰ μὴ ἐγὼ προφυλάττοιμι ὑμᾶς,
οὐδ’ ἂν νέμεσθαι δύναισθε, Xén.
Mem. 2, 7, 14,
car autrement, si je ne faisais bonne garde devant vous, vous ne
pourriez même pas paître ; — au commencement
d’une prop. interr. équival. à une prop. nég. :
ἐπεὶ τί νῦν ἕκατι δαιμόνων κυρῶ;
Eschl. Ch.
214, litt. car
jusqu’à présent qu’ai-je donc obtenu des dieux ? c. à d. pourquoi demanderai-je aux dieux d’exaucer
d’autres vœux, puisque jusqu’à présent je n’ai rien obtenu d’eux ?
ἐπεὶ τίς ὧδε τέκνοισιν Ζῆν’ ἄϐουλον
εἶδεν; Soph. Tr. 138 (que ces pensées
entretiennent l’espérance dans ton cœur), car vit-on jamais Zeus
indifférent pour ses enfants, c. à d. on
ne l’a jamais vu, etc. ; cf. Od. 9, 352 ; Eschl.
Suppl. 329 ;
Ar. Nub.
679 ; Plat.
Gorg. 474b, etc. ; — avec un inf. dans une
prop. subord. ἐπεὶ καὶ τοὺς μέγιστον
φρονοῦντας ἐπὶ τῷ περὶ τούτων λέγειν, οὐ ταὐτὰ δοξάζειν
ἀλλήλοις, Xén. Mem. 1, 1, 13, (il
s’étonnait qu’ils ne vissent pas clairement que l’homme ne peut
résoudre ces questions), puisque ceux mêmes qui se piquent d’en
parler le mieux ne sont pas d’accord les uns avec les autres ;
ἐπεὶ οὔτ’ ἀπὸ τοῦ προφανοῦς τολμῆσαι ἄν, οὔτ’ εἰ
καθ’ ἡσυχίαν διενοοῦντο, μὴ οὐκ ἂν προαισθέσθαι,
Thc. 2, 93, (on
ne supposait pas que des vaisseaux ennemis pussent attaquer le port
à l’improviste), car ils ne l’auraient point osé à ciel ouvert, et,
si l’on avait songé à un coup de main par surprise, il était
impossible de ne s’en point apercevoir ; cf. Hdt. 8, 111 ; Xén. Hell. 7, 1, 38 ;
Plat. Phæd.
109e,
Eryx. 395a ||
3 ellipt. sans verbe : ἐπεὶ
κέρδιστόν (s. e. ἐστι) Eschl. Pr. 384, puisqu’(il est)
très avantageux de, etc. ; οὐ γὰρ ἂν σθένοντά γε εἷλέν μ’, ἐπεὶ οὐδ’ ἂν ὧδ’
ἔχοντ’, εἰ μὴ δόλῳ, Soph. Ph. 948, car vigoureux il ne m’aurait pas pris, puisque
même dans l’état où je suis, il ne l’aurait pas pu et n’y a réussi
que par ruse ; cf. Soph. O.C. 1455 ; — dev. un vocatif, en
suppléant un verbe, tel que « écoute » ou « sache-le bien » : Ἕκτορ,
ἐπεί με κατ’ αἶσαν ἐνείκεσας, Il.
3, 59, Hector, (écoute ou sache-le), car tu ne m’as point blâmé sans
raison ; ξεῖν’, ἐπεὶ
ἂρ δὴ ταῦτά μ’ ἀνείρεαι, Od.
1, 231, ô mon hôte, (écoute ou sache-le), puisque tu m’adresses encore ces
questions ; cf. Od. 13, 103 || Rem. Au sens de « puisque,
car », ἐπεί se
rencontre rarement dans les inscr. att. CIA. 4b, 32b (435/416 av. J.-C.) ;
CIA. 2, 38
(387 av. J.-C.), etc. ; v. Meisterh. p. 210, 22
||
II avec idée de conséquence, par suite, c’est pourquoi,
donc ; dev. un impér. ἐπεὶ δίδαξον, Soph.
O.C. 969,
apprends-moi donc ! ἐπεὶ φέρ’ εἰπέ,
Soph. O.R.
390, eh bien donc, voyons, dis-moi !
cf. Hdt.
7, 103 ; Soph.
El. 352 ;
Ar. Vesp.
73 ; Plat.
Gorg. 473e ||
III avec idée de restriction, quoique, et
cependant : ἀδύνατός (εἰμι), ἐπεὶ ἐϐουλόμην ἂν οἷός τ’
εἶναι, Plat. Prot. 386c, j’en suis incapable, et cependant je voudrais
bien le pouvoir ; en ce sens, renforcé par des
particules : ἐπεί τοι καί,
Eur. Med.
677, quoique sûrement || Rem. En ces divers sens,
ἐπεί se joint souv. à
une particule : ἐπεὶ γάρ,
Soph. O.C.
1301, Ant.
665, Ph.
331, car puisque, puisque en effet ;
ἐπεί γε, Il.
1, 299, 352 ; Eschl. Pers. 386 ; Xén. An. 1, 3, 9, etc. ; ἐπεί γε δή,
Hdt. 3, 9 ;
Soph. Ant.
923 ; ἐπεί γε μὲν
δή, Soph. Tr. 484, etc. puisque sûrement ; ἐπεὶ
ἦ, Il. 4,
156 ; Od. 9,
276, puisque en vérité ; ἐπεί νυ,
Il. 14, 340 ;
ἐπεί τοι, Soph.
O.C. 433 ;
ἐπεί νύ τοι, Il.
1, 416 ; etc.
puisque en vérité ; qqf. précédé d’une conj. ou d’une particule :
ἀλλ’ ἐπεί, Soph.
O.R. 1503,
O.C. 237,
etc. ; δ’ ἐπεί,
Soph. O.C.
1226, mais puisque ; οὖν ἐπεί, Soph. Ph. 1343, puis donc que ;
καὶ ἐπεί (v.
ci-dessous III) ||
E Rem. génér.
I ἐπεί se place d’ord. au commenc.
de la prop., qqf. après un ou plusieurs mots :
τὸν ἐπεὶ θρέψαν θεοί, Od. 14, 175 ; αὐτὰρ ὅγ’ ὃν φίλον υἱὸν ἐπεὶ κύσε, Il. 6, 474 ||
II ἐπεὶ οὐ, dissyll. par
syniz. Od. 19,
314 ; de même, ἐπεὶ οὐ- réunis par synizèse
dans ἐπεὶ οὐδέ, Soph. Ph. 948 ; ἐπεὶ οὐδέπω,
Soph. Ph.
446 ; ἐπεὶ
οὔτε, Soph. Ant. 538, Ph. 1037 ; sans syniz. avec ει
long dev. οὐ-,
Od. 5, 364 ;
8, 585 ||
III ἐπεί réuni par crase à
καί : κἀπεί, Soph. O.C. 1631, Ant. 168, El. 1312 ; ion. κἠπεί, Thcr. Idyl. 2, 100 ; joint par crase à
ἂν : ἐπεάν, d’où ἐπάν, ion. ἐπήν (v. ἐπάν) ||
IV ἐπεί avec εἰ bref dev. une voy.
Soph. O.C.
1720.
Étym.
ἐπί, εἰ
démonstr., cf.
εἶτα, ἔπ-ειτα.