ἔργον
ἐργοπονέομαι-οῦμαιἔργον, ου
(τὸ)
I action, p. opp. à inaction (ἀεργίη)
Hés. O.
313 ; p. opp.
à parole, vain mot (ἔπος,
Eschl. Pers.
170 ; Hdt.
3, 135 ; μῦθος, Il. 9, 443 ; Eschl.
Pr. 1080 ;
λόγος, Soph.
El. 358 ;
Eur. Alc.
339 ; ῥῆμα,
Soph. O.C.
873 ; ὄνομα,
Thc. 8, 78,
89 ; Eur. I.A. 128, etc.) ; en ce sens, qqf. au
plur. λόγῳ μὲν..., τοῖσι δ’
ἔργοισιν, Soph. O.C. 782 ; λόγῳ..., τοῖς δ’ ἔργοισιν, Eur. Erechth. fr. 362, 13 Nauck, en parole..., mais en fait ;
avec les deux termes au plur.
λόγοισιν εἴτ’ ἔργοισιν, Soph. O.R. 517 soit en parole, soit en action ; p. suite, réalisation ou
exécution d’une ch. ; χωρεῖν πρὸς ἔργον,
Soph. Aj.
116, en venir à l’exécution ;
τὸ μὲν ἐνθύμημα χαρίεν, τὸ δὲ ἔργον
ἀδύνατον, Xén. An. 3, 5, 12, la pensée
est agréable, mais la réalisation est impossible ||
II œuvre, ouvrage :
1 occupation,
travail : ἄλλος ἄλλοισιν ἐπιτέρπεται
ἔργοις, Od. 14,
228, l’un se plaît à un travail, l’autre à un autre ;
ἐπὶ ἔργα τραπέσθαι, Il. 3, 422, se tourner vers
ses travaux ; ἔργων παύσασθαι,
Od. 4, 683,
cesser ses travaux ; πίονα ἔργα,
Il. 12, 280,
les travaux féconds (du labour) ; p. ext.
terre labourée : ἔργα Ἰθάκης,
Od. 14, 344,
les terres d’Ithaque ; d’où bien
ou domaine de campagne :
πατρώϊα ἔργα, Od. 2, 22, les domaines
paternels ; cf. Od. 2, 127, 252 ;
au sg. ἔργον
ἀέξειν, Od. 14,
65 ; 15, 372, accroître son
bien ; en parl. de la guerre,
πολεμήϊα ἔργα, Il. 2, 338 ; Od. 12, 116, travaux de la
guerre ; ἔργον μάχης, Il. 6, 522, l’œuvre du
combat ; abs. ἔργον, guerre, combat, Il.
4, 175 ; Eschl.
Sept. 414 ;
τὸ Τρωϊκὸν ἔργον, Arr. An. 1, 11, 12, la guerre de Troie (cf. franç. une geste) ;
ἔργον ἔχεσθαι, Pd. P. 4, 414, engager une action (cf. lat. rem gerere) ; ἐν τῷ ἔργῳ,
Thc. 2, 89,
pendant l’action ; θαλάσσια ἔργα,
Il. 2, 614 ;
Od. 5, 67,
travaux de la mer, en parl. de pêcheurs,
Od. 5, 67 ;
ou de marins, Il. 2, 614 ; ἔργα ἀργυρεῖα, Xén.
Vect. 4, 5,
travaux dans les mines d’argent, cf.
Dém. 967, 17 ;
abs. en ce sens : ἔργα ἐργάζεσθαι, Od.
20, 72 ; 22,
422, faire des travaux de tapisserie, de broderie ;
p. ext. joint par périphr. à beaucoup d’autres
mots : ἔργα δαιτός,
Il. 9, 228 ;
γάμοιο, Il.
5, 429, festin, mariage, etc. ||
2 en
mauv. part, manœuvre, intrigue, Soph. O.R. 538 ||
3 affaire dont on se
charge, besogne propre à qqn ; ἔργον ἔχω,
inf. Xén.
Mem. 2, 10, 6,
c’est mon affaire de ; ἀνδρῶν τόδ’ ἐστὶν
ἔργον, Eschl. Ch. 673, c’est l’affaire
des hommes ; ὅπερ ἐστὶν ἔργον ἀγαθοῦ
πολίτου, Plat. Gorg. 517c, ce qui est l’affaire d’un bon citoyen ;
en parl. de choses : ἅπερ νεῶν ἄμεινον πλεουσῶν ἔργα ἐστίν, Thc. 2, 89, toutes choses
qui sont l’affaire de navires bons marcheurs ; avec le dat. : οἷς τοῦτο
ἔργον ἦν, Xén. Cyr. 4, 5, 36, ceux dont
c’était l’affaire ; avec un pron.:
σόν, ἐμόν, ὑμέτερον ἔργον ἐστί,
avec l’inf. Eschl. Pr. 635, Eum. 734 ; Ar. Pax 426, c’est mon, ton,
votre affaire de, etc. ; avec l’art. ἡμέτερον τὸ
ἔργον, Hdt. 5,
1, c’est notre affaire ; par
parenth. σὸν ἔργον, θῦε θεοῖς,
Ar. Av.
862, sacrifie aux dieux, c’est ton
affaire ; ἔργον ποιεῖσθαί τι,
Xén. Hier.
9, 10 ; Plat.
Tim. 27a, Phædr. 232a, Eryx. 392b ; ἐν ἔργῳ τίθεσθαι, El.
V.H. 4, 15,
faire son affaire de qqe ch., apporter toute son attention à qqe
ch. ; particul. travail difficile
ou pénible : ἔργον (ἐστί) avec l’inf. Xén.
Cyr. 3, 3,
27 ; ou ἔργον
ἐστὶν εἰ, Dém. 716, 22, c’est une affaire de, etc. ; ce serait une affaire si, etc. ; μέγα ἔργον ἐστί,
avec l’inf. Plat. Conv. 187e ; Eur. Bacch. 267 ; ἔργον χαλεπόν ἐστι,
Ar. Ran.
1100 ; πολὺ ἔργον
ἐστί, Xén. Mem. 4, 6, 1, c’est une
grosse affaire de, etc. ||
4 affaire dont il faut se
charger, besoin, nécessité (cf.
lat. opus) : τί δῆτα τόξων
ἔργον; Eur. Alc. 39, quel besoin
d’arcs ? avec une nég. οὐδὲν ἔργον ἐστί, gén.
Ar. Pax
1310, Pl.
1158 ; cf.
Eur. Hipp.
911 ; ou
inf. Soph.
Aj. 852, il
n’y a aucun besoin de, etc. ;
avec un dat. de pers.: οὐ μακρῶν λόγων ἡμὶν τόδε τοὔργον, Soph. El. 1372, nous n’avons pas besoin de longs discours ;
ἔργον ἐστί, avec une
prop. inf. il est nécessaire que, Arstt. Pol. 3, 15, 8 ||
5 affaire, embarras :
ἔργα παρέχειν τινί, Ar. Nub. 515 ; Plat. Tim. 29d, causer de l’ennui à qqn ; ἔργον ἔχειν, avec un part,
Xén. Cyr.
8, 4, 6, être ennuyé ou troublé de, etc.
||
III travail
accompli :
1 œuvre, ouvrage :
ἔργα γυναικῶν, Il. 6, 289 ; Od. 7, 97, etc. œuvres de femmes, en parl. de
vêtements ; λώτινον ἔργον,
Thcr. Idyl.
24, 25, ouvrage en bois de lotus ;
en parl. d’armes, Il. 19, 22 ; d’une statue, Xén.
Mem. 3, 10,
7 ; de travaux de siège,
Pol. 5, 3, 6 ;
d’écrits, DH.
5, 208 Reiske ; Anth. 11, 354, 8,
etc. ; τὰ ἑπτὰ
ἐπιφανέστατα ἔργα, DS. 1, 63, les sept merveilles du monde (v. ἑπτά) ; en mauv. part. ἔργον εἶναι
ou γίγνεσθαι,
gén. être ou
devenir l’œuvre accomplie (par qqn ou par
qqe ch.) : ἔργον εἶναι νόσου,
Anon. (Suid.
v.o ἄτολμος) devenir la proie ou la victime de la maladie ; κτεινόμενος ὑμέτερον ἔργον εἰμί, Plut. Eum. 17, si je suis tué, ce sera par votre fait,
litt. ce sera votre œuvre ||
2 en
parl. d’argent, ce qui est l’œuvre de, ce qui est produit
par : ἔργον χρημάτων, Is. 88, 24 ; Dém. 816, 16 ; 819, 2, produit d’un capital, intérêts ||
IV en
gén. chose, affaire, c. à d. fait,
acte, événement, Il. 2, 252 ; 6, 348,
etc. ; Od.
17, 78, etc. ;
ἄκουε τοὔργον, Soph. Tr. 1157, écoute la chose ||
E Crase
au sg. τοὔργον
(v. ci-dessus) ; au
plur. τἄργα, Soph. Ph. 99.
Étym.
p. *ϝέργον,
cf. ἔρδω
et ῥέζω.