γάρ
Γαραίτιονγάρ [ᾰ ;
v. ci-dessous] conj.
touj. placée après un mot, car, en effet :
A elle s’emploie :
I
1 pour
démontrer que ce qui vient d’être dit est naturel ou
possible : Ζεὺς πολλῶν πολίων
κατέλυσε κάρηνα· τοῦ γὰρ κράτος ἐστὶ μέγιστον, Il. 2, 118, Zeus a renversé
les faîtes de beaucoup de villes ; car sa puissance est très
grande ; ὧδε δὲ γνώσῃ ὅτι τἀληθῆ λέγω· εὑρήσεις
γάρ, etc. Plat. Prot. 349d, tu reconnaîtras
ainsi que je dis vrai ; car tu trouveras, etc. Elle se place qqf., comme par
parenthèse, avant la propos. qu’elle explique :
Ἀτρείδη, πολλοὶ γὰρ τεθνᾶσιν Ἀχαιοί, τῷ σε χρὴ
πόλεμον παῦσαι, Il. 7, 328, fils d’Atrée, tant de Grecs sont morts déjà
qu’il te faut cesser la guerre (litt. il
te faut... car beaucoup de Grecs) ; εἶεν, σὺ γὰρ
τούτων ἐπιστήμων, τί χρὴ ποιεῖν; Plat. Phæd. 117b, eh bien donc, car
tu sais cela, que faut-il faire ? Dans ce cas,
le sujet de la propos. principale devient qqf. par attract. le rég.
de la propos. où se trouve γάρ : τῶν δὲ πᾶν γὰρ ἦν τὸ
πλῆθος αὐτῶν μεταίτιον οὐκ ἐδέκοντο (pour οἱ δέ, πᾶν γὰρ ἦν..., οὐκ
ἐδέκοντο), Hdt. 4, 200, ceux-ci, car toute la foule était leur
complice, n’accueillaient pas, etc. ;
τῇ δὲ κακῶς γὰρ ἔδεε γενέσθαι εἶπε
(pour ἡ δέ, κακῶς
γὰρ..., εἶπε), Hdt. 9, 108, celle-ci, car il fallait qu’il lui arrivât
malheur, dit, etc. ; τῶν δὲ Ἀθηναίων ἔτυχε γὰρ πρεσϐεία ἐν τῇ Λακεδαίμονι
παροῦσα, καὶ ὡς ᾔσθοντο (pour
οἱ δὲ Ἀθηναῖοι, ἔτυχε γὰρ πρεσϐεία..., ὡς
ᾔσθοντο), Thc. 1, 72, les Athéniens, car leur ambassade se trouvait
justement à Lacédémone, apprenant que, etc. ||
2 pour
justifier une affirmation implicitement contenue dans ce qui vient
d’être dit : ἐπιστευόμην ὑπὸ τῶν
Λακεδαιμονίων· οὐ γὰρ ἄν με ἔπεμπον πάλιν πρὸς ὑμᾶς
(s. e. εἰ μὴ
ἐπίστευον), Xén. An. 7, 6, 33, j’avais la
confiance des Lacédémoniens, car autrement ils ne m’auraient pas
renvoyé auprès de vous ; particul. dans une
réponse, pour confirmer une formule d’affirmation ou de négation
exprimée ou sous-entendue : οὔκουν
ἀνάγκη ἐστί; — ἀνάγκη γάρ, ἔφη,
Xén. Cyr.
2, 1, 7, n’est-ce pas chose nécessaire ?
Oui, en effet, dit-il, cela est nécessaire ; καὶ
δῆτ’ ἐτόλμας τούσδ’ ὑπερϐαίνειν νόμους; — οὐ γάρ τί μοι, Ζεὺς ἦν ὁ κηρύξας τάδε, Soph. Ant. 449, eh quoi ! tu as osé enfreindre ces lois ? —
Certes, car pour moi ce n’est pas Zeus qui les a édictées ||
II pour expliquer ce qu’on vient de faire entendre
(γάρ correspond alors
au français : c’est
que) : λεκτέα ἃ γιγνώσκω· ἔχει γὰρ ἡ
χώρα πεδία κάλλιστα, Xén.
An. 5, 7, 6,
je dois dire ce que je sais, c’est que le pays a des plaines
magnifiques. En ce sens γάρ est souvent annoncé par les locut.
τὸ δὲ μέγιστον, ὃ δὲ μέγιστον
ou δεινότατον,
etc. : τὸ δὲ
πάντων σχετλιώτατον· οὓς γάρ, etc.
Isocr. le plus fâcheux de tout, c’est que
ceux que, etc. ; ὃ δὲ
πάντων ἀδικώτατον ἔδοξε· τῶν γὰρ προγεγραμμένων ἠτίμωσεν
υἱούς, Plut. ce qui parut le plus
injuste de tout, c’est qu’il déclara infâmes les enfants des
proscrits ; τούτου δὲ τεκμήριον· τόδε
γάρ, Hdt. 2,
58, en voici la preuve, c’est que, etc. ; de même, après les formules
qui annoncent un avis, une explication, etc. (σκέψασθε δέ, δῆλον δέ, μαρτύριον δέ, etc. examinez donc, cela est évident, et la preuve,
etc.) Att.
||
III pour tirer une sorte de conclusion de ce qui vient d’être
dit ou indiqué, au sens du français donc, ainsi donc :
1 dans
une propos. interrog. : ποιμὴν γὰρ
ἦσθα; Soph. O.R. 1029, tu étais donc
pâtre ? ὄλωλε γὰρ δύστηνος; Soph. O.C. 1583, l’infortuné est-il donc mort ? δοκῶ γάρ σοι παίζειν; Plat.
Phædr. 234d, te semble-t-il donc
que je plaisante ? part. dans les loc.
τίς γάρ; τί
γάρ; ἦ γάρ; etc. τίς γάρ σε θεῶν ἐμοὶ ἄγγελον
ἦκεν; Il. 18,
82, quel dieu t’a donc envoyée vers moi en messagère ?
τί γάρ; Soph.
O.C. 539, 542,
etc. quoi donc en effet ? c. à d. comment n’en serait-il pas ainsi ? cela doit
être ; au contraire, πῶς γάρ; πόθεν γάρ;
Att. comment donc en effet, pourquoi donc
en effet (cela serait-il) ? c. à d. cela
ne peut pas être, cela est impossible ||
2 dans
les propos. qui marquent un souhait : κακῶς γὰρ ἐξόλοιο, Eur.
Cycl. 261,
puisses-tu donc périr misérablement ! souv. en
ce sens dans les loc. épq. αἲ γάρ
(v. αἴ),
att. εἰ γάρ, εἴθε
γάρ (v. εἰ,
εἴθε), puissent donc les dieux, etc. ! (cf. lat.
utinam) ||
B Rem. γάρ se joint, au même sens
que dans l’une ou l’autre des constructions précédentes, à diverses
particules :
1 ἀλλὰ
γάρ, mais en effet ; γάρ
explique une propos. à suppléer entre
ἀλλά et
γάρ, c. à d. «
mais (il n’en est pas ainsi), car », etc.
(cf. lat. sed
enim) : ἀλλ’ οὐ γάρ σ’ ἐθέλω βαλέειν
λάθρῃ ὀπιπτεύσας, Il. 7, 243, mais (ne crains pas), car je ne veux pas te
frapper après t’avoir guetté en cachette ; cf. Il. 15, 739 ||
2 γὰρ
ἄρα, Plat. Prot. 309c, 315c ; γάρ ῥα, Il. 1, 113, 238 ;
Od. 3, 143,
etc. ; γὰρ δή,
Il. 2, 301 ;
5, 383 ; Od.
5, 23, etc. ;
Hdt. 1, 34,
etc. ; γάρ νυ,
Od. 14, 359,
oui certes, car (cela est) ; φαμὲν γὰρ
δή, Plat. Theæt. 187e, oui certes, nous le disons, litt. nous (le) disons, car (cela est) certes
||
3 γάρ
που, Plat. Rsp. 381c, etc. je le suppose,
litt. « de qqe manière en effet »
||
4 γάρ
τε, Il. 1,
81 ; Od. 1,
152, etc. et en effet
(cf. lat. etenim, namque) ||
5 γάρ
τοι, Eur. Hel. 93 ; Suppl. 564, car assurément
||
6 γὰρ
οὖν, Il. 15,
232 ; Hdt. 5,
34 ; Plat. Theæt. 170a ; γὰρ οὖν δή,
Plat. Parm.
148c, car en
vérité, pour confirmer ou expliquer ce qu’on
vient de dire ||
7 καὶ
γάρ (v. καί) ||
E [ᾱ] à l’arsis dans Hom. devant deux
syllabes brèves, Il. 2, 39, etc. ; Hh. Cer. 57 ; rar. devant une
longue (Λητὼ γὰρ ἥλκησε),
Od. 11, 580. —
En poésie γάρ peut
être le 3e ou le 4e
mot de la prop. soit parce que les mots précédents sont étroitement
liés par le sens (ὁ μὲν γάρ,
Soph. Aj.
764 ; τὸ μὴ θέμις
γάρ, Eschl. Ch. 641), soit par nécessité prosodique (3e mot, Eschl. Ag. 222 ; Soph. Ph. 219 ; 4e mot, Ar. Av. 1545) ; qqf. même on le trouve
5e (Mén.
dans Ath.
132d),
6e (Soph. Ph. 1451 ; Antiph. dans Ath. 339b), 7e (Alex. dans Ath. 21d). — Il s’insère avant
l’ι attique final : νυνγαρί pour νυνὶ
γάρ (v. νῦν) (γέ, ἄρ).