ὁδάω-ῶ

ὅδε

ὁδεδί
ὅ·δε, ἥδε, τόδε, gén. τοῦδε, τῆσδε, τοῦδε, etc. pron. démonstr. celui-ci, celle-ci, ceci, avec idée d’une pers. ou d’une chose présente et d’ord. relative à celui qui parle ; tandis que οὗτος rappelle l’idée d’une pers. ou d’une chose déjà mentionnées ; par ex. ἥδε ἡ πόλις ou ἡ πόλις ἥδε, la ville qui est ici, dans laquelle ou auprès de laquelle je me trouve ; αὕτη ἡ πόλις, la ville dont on a déjà parlé ; ὅδε se rapporte :
I en génér. dans le contexte du discours :
1 à la pers. ou à la chose qu’on vient de mentionner : ξύμπας Ἀχαιῶν λαός· ἐν δὲ τοῖσδ’ (sel. d’autres τοῖς) ἐγώ, Soph. Ph. 1243, l’armée des Grecs tout entière, et j’en suis ; cf. Soph. Ant. 449 ; Hdt. 1, 137 ||
2 à une pers. ou à une chose présente ; en ce sens on emploie τάδε dans les propos. négat. en parl. d’un seul objet : οὐκ ἔρανος τάδε γ’ ἐστί, Od. 1, 226, ce qui se passe ici n’est pas un festin de compagnons ; cf. Soph. O.C. 883 ; en parl. de pers. οὐκ Ἴωνες τάδε εἰσίν, Thc. 6, 77, ce ne sont pas des Ioniens ; avec un n. de lieu : τάδ’ ἐστὶ Πελοπόννησος, οὐκ Ἰωνία, Plut. Thes. 25, c’est le Péloponnèse, non l’Ionie ||
3 d’ord. à ce qui suit immédiatement, pour attirer l’attention sur ce qu’on va dire : τόδε μοι κρήηνον ἐέλδωρ· τίσειαν Δαναοὶ ἐμὰ δάκρυα σοῖσι βέλεσσι, Il. 1, 41, exauce le vœu que je t’adresse : que les Grecs expient mes larmes sous tes traits ; cf. Il. 1, 504 ; 7, 375 ; 8, 242, etc. ; Od. 1, 376 ; 2, 141 ; 9, 318, etc. ; Soph. O.R. 101 ; τόνδε τὸν τρόπον, Att. de la manière suivante ; εἶπε τάδε, Att. il parla ainsi ; p. oppos. à οὗτος : ταῦτα μὲν Λακεδαιμόνιοι λέγουσι, τάδε δὲ ἐγὼ γράφω, Hdt. 6, 53, voilà ce que disent les Lacédémoniens, mais voici mon récit ; ταῦτα μὲν δὴ σὺ λέγεις· παρ’ ἡμῶν δὲ ἀπάγγελλε τάδε ὅτι, etc. Xén. An. 2, 1, 20, voilà bien ce que tu dis ; eh bien, de notre part retourne annoncer ceci, que, etc. ; p. opp. à ἐκεῖνος, Soph. El. 784 ||
4 ὅδε peut correspondre à un relatif, soit postérieur : τούσδε τοί, Il. 2, 306, ceux qui ; τάδε δὴ ἃ σὺ ἔλεγες, Xén. An. 7, 3, 47, maintenant voici que (se réalise) ce que tu disais ; soit antérieur : ὃν πόλις στήσειε, τοῦδε χρὴ κλύειν, Soph. Ant. 666, celui que l’État a reconnu pour maître, il faut lui obéir ; cf. Soph. Ant. 464, 644 ||
II particul. avec idée de lieu :
1 ὅδε désigne la pers. ou la chose présente au même lieu que celui qui parle ou à proximité, celui-ci, celui-là : καί ποτέ τις εἴπῃσιν, ἰδὼν κατὰ δάκρυ χέουσαν, Ἕκτορος ἥδε γυνή, Il. 6, 460, et l’on dira en te voyant verser des larmes : voilà la femme d’Hector ; χῶρος μὲν ἱερὸς πᾶς ὅδ’ ἐστί, Soph. O.C. 54, tout l’endroit où tu es est sacré ; ἀκτὴ μὲν ἥδε Λήμνου, Soph. Ph. 1, c’est ici le rivage de Lemnos ; de même dans les prologues des drames pour préciser les localités, Eur. Bacch. 1, Ion 5, Hec. 8, etc. ; en parl. de ce qui est matériel, d’ici-bas, p. opp. au surnaturel, Plat. Phædr. 250a, Conv. 211c, etc. ||
2 ὅδε au nom. et à l’acc. comme adv. de lieu (cf. lat. hic) au sens de ici, là, mais en conservant son rapport de cas et de genre avec le nom, auquel il se rapporte : ὅστις ὅδε κρατέει, Il. 5, 175, celui qui triomphe ici sur nous ; ἔγχος μὲν τόδε κεῖται ἐπὶ χθονός, Il. 20, 345, la javeline est ici sur la terre ; cf. Il. 21, 533 ; Od. 1, 185 ; 18, 44 ; 20, 34, etc. ; Eschl. Sept. 80, etc. ; avec un verbe de mouv. vers un lieu, ὅδε équivaut à δεῦρο, ici, avec mouv. Eur. Her. 81 ||
3 dans le même sens, ὅδε se construit avec un pron. pers. ὅδ’ ἐγώ, Od. 16, 205, moi ici ; ἡμεῖς οἵδε, Od. 1, 76, nous qui sommes ici ; δῶρα δ’ ἐγὼν ὅδε πάντα παρασχεῖν, Il. 19, 140, je suis ici, pour te présenter tous les dons ; ou avec εἰμί : ὅδ’ εἰμί, Eschl. Ch. 219, me voici ; qqf. en ajoutant αὐτός : ὅδ’ αὐτὸς ἐγώ, Od. 21, 207, etc. moi-même ici présent ||
4 ὅδε se joint de même aux pron. interrog. : à τίς : τίς ὅδε Ναυσικάᾳ ἕπεται; Od. 6, 276, qui est celui qui suit là Nausikaa ? τί κακὸν τόδε πάσχετε; Od. 20, 351, quelle infortune subissez-vous ici ? à ποῖος : ποῖον ἐρεῖς τόδ’ ἔπος; Soph. Ph. 572, quelle, parole vas-tu dire là ? ||
5 dans le dialogue attique, emphatiquement au masc. ou au fém. au lieu du pron. pers. pour désigner la personne qui parle : ὅδ’ ἀνήρ, Eur. Alc. 331, γυνὴ ἥδε, Eschl. Ag. 1438, l’homme, la femme que voici, c. à d. moi ; de même au lieu du pron. possess. ἐμός : τῇδε χερί, Soph. Ant. 43 ; χεροῖν ταῖνδε, Soph. El. 1133, de la main, des mains que voici, c. à d. de ma main, de mes mains ||
6 avec des adv. de lieu et de temps, pour déterminer avec précision au sens de : précisément, justement : αὐτοῦ τῷδ’ ἐνὶ δήμῳ, Od. 2, 317, justement ici dans le peuple ||
III avec idée de temps :
1 pour désigner le présent immédiat : ἥδ’ ἡμέρα, Soph. O.R. 438, le jour d’aujourd’hui ; ἔτος τόδ’ ἤδη δέκατον βόσκων νόσον, Soph. Ph. 312, voici déjà la dixième année que je suis en proie à mon mal ||
2 pour désigner des choses dans leur état actuel : particul. au plur. neutre τάδε : ἀνδρῶν οἵπερ ἀεὶ τάδε κινοῦσι, Thc. 6, 36, des hommes qui excitent sans cesse de telles agitations, cf. Thc. 1, 144 ; 2, 42, etc. ||
3 en parl. d’une durée achevée, mais qui se prolonge pour ainsi dire dans le présent : ἐν νυκτὶ τῇ νῦν, Soph. Ant. 16, dans la nuit qui vient de s’écouler ; cf. Soph. Aj. 21, El. 644 ||
4 en parl. de quelque chose d’imminent, Soph. O.R. 1478, Ant. 878 ||
IV ὅδε s’emploie adverb. avec une prép. : ἀπὸ τοῦδε, τἀπὸ τοῦδε, Soph. Aj. 1376, à l’instant ; ἐκ τοῦδε, ἐκ τῶνδε, Att. aussitôt ; ou abs. :
1 dat. τῇδε : avec idée de lieu, ici, à cette place (lat. hac) Il. 12, 345, etc. ; Od. 6, 173, etc. ; Plat. Leg. 958d ; avec idée de manière : de cette façon, de cette manière, ainsi, Il. 17, 512 ; Eschl. Eum. 45 ; Plat. Phædr. 79e, Rsp. 433e ||
2 acc. neutre τόδε : avec idée de lieu, ici, avec mouv. Il. 14, 298, etc. ; Od. 1, 409, etc. ; δεῦρο τόδε, m. sign. Il. 14, 309 ; Od. 17, 444, 524 ; ἐς τόδε, avec un gén. désignant le lieu ou le temps : ἐς τόδε χρόνου, Att. jusqu’au moment où nous sommes ; fig. πῶς ἐς τόδ’ ἂν τόλμης ἔϐη; Soph. O.R. 125, comment en serait-il venu à ce degré d’audace ? dans le contexte du discours au sens de : c’est pourquoi, Od. 20, 217 ; 23, 213 ||
3 acc. neutre plur. τάδε, ainsi, Il. 9, 77 ; Soph. O.R. 264 ||
4 dat. neutre plur. τοῖσδε et τοισίδε, de cette manière, ou à ces mots, Hdt. 1, 32, 120 ||
E Dans les inscr. att. ὅδε au sens de « celui, celle, ce qui précède » touj. accompagné de l’article : τήνδε τὴν βουλήν, CIA. 4, b, 53, a, 9 (418 av. J.-C.) etc. ; v. Meisterh. p. 191, 34 ; au sens de « celui, celle, ce qui suit » il est ou non accompagné de l’article ; v. Meisterh. p. 191, 35 ; l’article est touj. omis lorsque l’indication annoncée par οἵδε, αἵδε, τάδε est suivie d’une énumération de pers. ou de choses : πόλεις αἵδε (suit la liste) CIA. 1, 260,b, 1 sg. (421 av. J.-C.), etc. (v. Meisterh. p. 191, 35). — Dans une inscr. d’anc. att. ὅδ’ (pour ὅδε) devient ὅθ’ devant un esprit rude : ὅθ’ Ἑρμῆς CIA. 1, 522 (6e siècle av. J.-C.) ; v. Meisterh. § 39, p. 80, 1. Gén. pl. éol. τωνδέων, Alc. 123 ; dat. pl. masc. et neutre τοῖσδεσσι, τοῖσδεσσιν, Il. 10, 462 ; Od. 2, 47, 165 ; 13, 258 ; τοῖσδεσι, Od. 10, 268 ; 21, 93 ; poét. τοισίδε, Soph. Ph. 956 ; Eur. Med. 1262. — Att. ὁδί, ἡδί, τοδί [] etc.
Étym. démonstr. δέ.