νέμος

νέμω

νένασμαι
νέμω (f. νεμῶ, ao. ἔνειμα, pf. νενέμηκα)
A act.
I distribuer, partager,
1 en gén. acc. Hom. Att. ; ἀρνῶν τρίχας κήρυκες νεῖμαν ἀρίστοις, Il. 3, 274, les hérauts distribuèrent aux chefs les poils des agneaux (offerts en sacrifice) ; fig. Ζεὺς νέμει ὄλϐον ἀνθρώποισιν, Od. 6, 188, Zeus distribue le bonheur aux hommes ; τὰ ἴσα ν. Hdt. 6, 11, 109, donner à chacun une part égale ; p. suite, attribuer une part, attribuer : τί τινι, Att. qqe ch. à qqn ; νέμειν θάνατόν τινι, Plat. Leg. 863a, prononcer la peine de mort contre qqn ; p. suite, permettre, accorder, admettre, Soph. Aj. 1201 ||
2 diviser, découper : κρέα νενεμημένα, Xén. An. 7, 3, 21, portions de viande ; cf. Plat. Leg. 849c ; πλεῖστα μέρη οὐσία νενεμημένη, Plat. Parm. 144d, fortune partagée en beaucoup de parts ; cf. Plat. Leg. 760b, Tim. 53d ||
II particul. attribuer à un troupeau la partie de pâturage où on le mène paître, d’où faire paître, conduire au pâturage (lat. pascere) (au moy. en parl. du bétail, paître, v. plus bas) abs. Od. 9, 233 ; Plat. Rsp. 373d ; οἱ νέμοντες, Xén. Cyr. 3, 2, 20, les bergers ; ν. ποίμνια, Eur. Rhes. 551 ; τὴν ἀγέλην, Plat. Min. 318a, faire paître les troupeaux, le troupeau ; fig. remettre, confier (son ressentiment), Soph. El. 177 ; avec l’acc. du lieu où l’on mène paître : ὄρη ν. Xén. Cyr. 3, 2, 20, mener paître sur les montagnes ; d’où au pass. : τὸ ὄρος νέμεται αἰξί, Xén. An. 4, 6, 17, la montagne sert de lieu de pâturage à des chèvres ; fig. πυρὶ νέμειν χώρας, Hdt. 6, 33, ravager, dévaster, détruire par le feu ; au pass. πυρὶ χθὼν νέμεται, Il. 2, 780, le pays est dévoré par le feu ||
III p. suite, à cause de la coutume des peuples pasteurs (νομάδες) pour qui le fait de faire paître ses troupeaux dans un pays était le signe de la prise de possession, avoir en son pouvoir, d’où : posséder, avoir, occuper, Thcr. Idyl. 8, 40 ; surt. avoir une résidence comme maître et souverain : τὸ χωρίον, Thc. 5, 42, occuper le pays ; ἄστυ, Arstt. Pol. 7, 6, la ville ; en gén. habiter, Hdt. 4, 188 ||
IV occuper, détenir, d’où : diriger, conduire, gouverner, administrer : πόλιν, Pd. O. 10, 17 ; Hdt. 1, 59 ; 5, 29, etc. une ville ; ἔνδον πλοῦτον κρυφαῖον, Pd. I. 1, 96, administrer en secret ses richesses, c. à d. n’en faire aucun usage ; ἀσπίδα, Eschl. Sept. 590, manier habilement un bouclier ; πόδα, Pd. N. 6, 28, marcher ; avec le dat. Συρακόσσαισι νέμειν, Pd. P. 3, 124, régner sur Syracuse ||
V tenir pour, regarder comme (cf. lat. ducere), avec double acc. : ν. τινὰ θεόν, Soph. El. 150, regarder qqn comme un dieu, le respecter, l’honorer comme un dieu ; cf. Soph. El. 597, Tr. 483, O.R. 1080 ||
VI p. suite, choisir pour, admettre comme : προστάτην τινά, Isocr. 170b, se choisir qqn d’entre les citoyens comme patron ou protecteur, en parl. d’un μέτοικος ; cf. Arstt. Pol. 3, 1 ; DH. 2, 9 ; ὅτι πλείστους νέμειν ἄνδρας, Str. 526, se choisir autant d’hommes que possible ; οἱ νενεμημένοι, Pol. 6, 47, 8, ceux qui ont été admis au nombre des citoyens, inscrits sur la liste des citoyens ||
B Moy. νέμομαι (f. νεμοῦμαι, ao. ἐνειμάμην, postér. ἐνεμησάμην)
I partager, distribuer qqe ch. entre soi :
1 en gén. acc. Plat. Leg. 739e ; Dém. 579, 31 ; 1176, 18, etc. ||
2 p. suite, administrer, régir, exploiter pour soi : πατρώϊα πάντα, Od. 20, 336, tous les biens paternels ; d’ord. en parl. de biens-fonds, de champs ou de propriétés foncières, Il. 12, 313 ; Od. 11, 185 ; Hés. O. 119, 229 ; Pd. P. 4, 267 ; Thc. 1, 2 ; en parl. de mines, de marchés, Hdt. 7, 112 ; Thc. 1, 100, etc. ||
3 p. suite, comme le paysan avait coutume d’habiter sur ses terres, occuper, habiter (cf. ἔχειν) : ἄλσεα ν. Il. 20, 8, habiter des bois ; Ἰθάκην, Od. 2, 167, habiter Ithaque ; γῆν, Hdt. 4, 11 ; πόλιν, Hdt. 8, 136, habiter un pays, une ville ; abs. habiter, Hdt. 4, 14, 19 ; en parl. de villes, être situé qqe part, Hdt. 7, 22, 123 ||
4 avec idée de temps, avoir comme sa part : ἄδακρυν αἰῶνα, Pd. O. 2, 120, une vie sans larmes, c. à d. passer sa vie sans chagrins ; ἁμέραν παρὰ Διΐ, Pd. N. 10, 105, passer le jour auprès de Zeus ; d’où en gén. vivre, Pd. P. 11, 85 ||
II en parl. du bétail : paître, c. à d. aller au pâturage, se nourrir (lat. pasci) Il. 5, 777 ; 15, 639 ; Od. 13, 407 ; 20, 164 ; ἄφετον νέμεσθαι, Plat. Rsp. 498c, paître en liberté de côté et d’autre, d’où en gén. n’être pas attaché, être libre ; avec l’acc. du lieu où le bétail paît, Pd. N. 3, 144 ; Eur. El. 1164 ; avec l’acc. de la chose que le bétail broute, d’où paître, manger, Od. 9, 449 ; Eur. Bacch. 735 ; en parl. de pers. se nourrir de, avec le gén. Soph. Ph. 707 ; fig. en parl. du feu, se repaître, c. à d. dévorer autour de soi, Il. 23, 177 ; Hdt. 5, 101 ; en parl. de blessures ou de plaies cancéreuses ou charbonneuses qui rongent autour d’elles (cf. lat. pasci, depasci) Hdt. 3, 133 ; DS. 17, 103 ; fig. en parl. de vices (du mensonge, etc.) Plut. M. 165a ; qqf. en b. part : s’étendre, se répandre : ἐπὶ τοὺς Ἕλληνας, Hdt. 9, 7, parmi les Grecs ||
III avoir en son pouvoir, conduire, guider, administrer, acc. Hdt. 4, 165 ||
E Fut. réc. νεμήσω, Lgs 2, 23 ; f. moy. réc. νεμήσομαι au sens pass. App. Civ. 4, 3. Moy. prés. ind. 2 sg. poét. νέμεαι, Od. 9, 449 ; sbj. 2 sg. νέμηαι, Il. 20, 185.
Étym. R. indo-europ. *nem-, dispenser, distribuer, prendre ; cf. νομή, νόμος, νέμεσις, lat. numerus, gotique niman.