ῥέω (les formes en -εη, -εο, -εω ne se contractent pas ; f. ῥεύσομαι, att. ῥυήσομαι, ao. 1 rare en att. ἔρρευσα,
ao. 2 ἐρρύην,
pf. ἐρρύηκα).
I intr.
1 couler, en parl. d’un cours d’eau, Hdt. 2, 22 ; 8, 138 ; Thc. 2, 5, etc. ; d’un liquide quelconque (larmes, Od. 19, 204, etc. ;
sang, Il.
17, 86 ; Eur.
Ph. 1480,
etc.) ; avec un
dat. : πηγὴ ῥέει ὕδατι,
Il. 22, 149, la
source épanche de l’eau ; ῥέεν αἵματι
γαῖα, Il.
8, 65, la terre ruisselait de sang ;
ἱδρῶτι ῥεόμενος, Luc. D. mort. 14, 5, ruisselant de sueur ; πόλις χρυσῷ ῥέουσα, Eur.
Tr. 995, ville
où l’or coule à flots ; qqf. avec un
acc. : Ἱμέρα ῥείτω γάλα,
Thcr. Idyl.
5, 124, qu’Himère ruisselle de lait ;
ποταμὸς οἶνον ῥέων, Luc. V.H. 1, 7, etc. fleuve roulant
du vin dans ses flots ; cf. Sch.-Ar. Pl. 287 ; avec le gén. :
ῥ. αἵματος, Hpc.
572, laisser couler du sang ;
cf. Arr.
An. 4, 7, 10 ;
prov. ἄνω ῥεῖν,
couler en arrière, pour parler de choses
impossibles, Eur. Suppl. 520 ; Dém. 433, 23, etc. ; t. de méd. avoir
l’écoulement menstruel, Luc. Lex. 19 ; en parl. des intestins, couler, c.
à d. avoir un flux de ventre, DS.
5, 41 ; p. anal. en
parl. de choses fluides (air,
Plut. M.
954e;
vent, Plut.
Sert. 17 ;
flamme, Plut.
Brut. 31,
etc.) ; τὸ δὲ πῦρ
διατελεῖ ἀεὶ ῥέον ὥσπερ ποταμός, Arstt. Juv. 5, 470 a, 3, le feu se
répand sans cesse comme un fleuve ; en parl.
d’un volcan, El. (Stob. Fl. 79, 38) ; en parl. de la
parole : τοῦ ἀπὸ γλώσσης μέλιτος
γλυκίων ῥέεν αὐδή, Il. 1, 249, la parole coulait de sa langue, plus douce
que le miel ; en parl. d’une foule :
ῥεῖ πολὺς ὅδε λεώς, Eschl. Sept. 80, voici la foule qui s’approche comme un flot
roulant ; Θρῄκιος ῥέων στρατός,
Eur. Rhes.
290, l’armée thrace qui s’avance comme
un torrent ||
2 fig. s’élancer vers, se livrer ou s’adonner à : πρὸς τὰ
μαθήματα ἐρρυηκέναι, Plat.
Rsp. 485d, s’être adonné à
l’étude ; ἐπὶ ποιητικὴν ῥυῆναι,
Plut. Cic.
2, s’être adonné à la poésie ;
avec idée d’hostilité, s’élancer contre,
assaillir : ὅλος ἐρρύη πρὸς τὸν
Ἀλκιϐιάδην, Plut. Alc. 21, il se répandit en
un accès de colère contre Alcibiade ; πολὺς ῥέων
καθ’ ὑμῶν, Dém. 272, 20, se répandant en invectives contre vous
||
3 couler de, glisser de,
tomber : ἐκ χειρῶν βέλεα ῥέον,
Il. 12, 159,
les traits volaient de leurs mains ; en parl. de
poils qui tombent, Od. 10, 393 ; Arstt.
H.A. 3, 11 ;
de fruits mûrs qui se détachent,
Pol. 12, 4,
14 ; cf. Hés. fr. 42, 3 Göttling ;
Thcr. Idyl.
2, 89 ||
4 s’écouler, passer :
ἰόντων πάντων καὶ ἀεὶ ῥεόντων,
Plat. Crat.
439c, toutes
choses passant et étant sans cesse emportées par le cours du
temps ; abs. οἱ
ῥέοντες, Plat. Theæt. 181a, les philosophes de l’école d’Héraclite qui
admettent que les choses sont en mouvement perpétuel, p. opp. à οἱ τοῦ ὅλου
στασιῶται ; fig. s’écouler, se
perdre, se corrompre : εἰ ῥέοι τὸ σῶμα καὶ
ἀπολλύοιτο ἔτι ζῶντος τοῦ ἀνθρώπου, Plat. Phæd. 87d, si le corps se
gâtait et périssait quand l’homme est encore vivant ||
II tr. faire couler, verser, Archil. 17 ; Dém. Lept. 273 ; d’où subst.
τὰ ῥέοντα, v.
ῥέον ||
Moy. (prés. ῥέομαι, Plut. Cor. 3 ; Luc. D. mort. 14, 5,
etc. ; impf. 3
sg. ἐρρεῖτο, Eur. Hel. 1618) m. sign. ||
E Dans les inscr. comme dans les écriv. att. la contract. n’a
lieu que dans les formes en -εε- =
ει ; v. Meisterh.
p. 140, 5. Act. prés. ind. 3 sg.
poét. ῥέει, Il. 22, 149 ; 3 pl. dor. ῥέοντι,
Thcr. Idyl.
14, 38. Dans une
inscr. att. part. prés. fém. ῥείουσα, à
côté de ῥέουσα, CIA. 2, 681, 22
(après 400 av. J.-C.), v. Meisterh. p. 36, 4. Impf.
3 sg. ἔρρει, Il. 17, 86 ; Eur. Hec. 528 ; ou ῥέε, Od. 19, 204, etc. ;
ῥέεν, Il.
1, 249. Fut.
réc. ῥευσοῦμαι, Arstt. Meteor. 2, 2, 23 ; 2, 4, 20 ;
ῥεύσω, Anth.
5, 125 ; Sib.
3, 84 ; Geop.
9, 12. Ao. 2, 3 sg.
épq. ῥύη, Od. 3, 455. Pf. réc. ἔρρυκα,
Gal. 5, 398.
Moy. prés. part. poét. ῥεούμενος, Oracl.
(Hdt. 7,
140).
Étym.
p. *ῥέϝω,
de la R. indo-europ. *sreu-,
couler ; cf. sscr. srávati, angl. stream.