τε
τέτε, particule enclit.,
touj. après un mot :
A Signification : τε
s’emploie :
I comme mot démonstratif (seul. en
poésie, surt. chez Homère et qqf. les Tragiques) pour cela,
pour cette raison ; en ce sens il correspond à
une prop. relat. : ὅς κε θεοῖς
ἐπιπείθηται, μάλα τ’ ἔκλυον αὐτοῦ, Il. 1, 218, celui qui sait
obéir aux dieux, les dieux par suite se plaisent à l’exaucer
||
II comme conj. :
1 et, en outre, d’autre
part ; en ce sens il se construit d’ord. avec
d’autres particules, avec καί,
avec un autre τε, etc. (v. ci-dessous) et sert à joindre
soit deux mots dans une même prop. : Ἀτρείδης τε καὶ δῖος Ἀχιλλεύς, Il. 1, 7, l’Atride et le
divin Achille ; τά τ’ ἔργα ὁμοίως καὶ τοὺς
λόγους, Thc. 1,
39, à la fois les actes et les paroles ; πατὴρ ἀνδρῶν τε θεῶν τε, Il.
1, 544, le père des hommes et des dieux,
etc. ; soit deux
prop.: ὃς Χρύσην ἀμφιϐέϐηκας Τενέδοιό τε
ἶφι ἀνάσσεις, Il. 1, 38, toi qui protèges Khrysè et qui règnes en
souverain sur Ténédos ; δύσετό τ’ ἠέλιος
σκιόωντό τε πᾶσαι ἀγυιαί, Od.
2, 388, et le soleil se coucha et toutes
les rues se couvrirent d’ombre, etc. ;
cf. Il.
1, 177 ; 2,
58, etc. ; Od. 15, 530, etc. ; Xén. Cyr. 3, 3, 36,
etc. ; l’une des deux
prop. peut être négative ; dans ce
cas τε correspond à οὐκ, οὐδέ,
οὔτε, etc. (v.
ces mots) : οὐχ ἡσύχαζον παρεκάλουν
τε τοὺς ξυμμάχους, Thc.
1, 67, ils commençaient à s’agiter et
convoquèrent leurs alliés ; οὔτε ποσίν εἰμι
ταχὺς γιγνώσκω τε, Xén.
Cyr. 2, 3, 6,
etc. je ne suis pas agile, et je sais,
etc. ; il peut arriver
que la première prop. soit construite au part. et paraisse se
rattacher au verbe de la suiv. : ἄλλῳ τε τρόπῳ πειράσαντες καὶ μηχανὴν προσήγαγον,
Thc. 4, 100,
entre autres moyens ils approchèrent une machine ||
2 en résumé, enfin,
presque au sens de ὥστε ou de οὖν, Thc. 12, 4 ||
B Construction : τε
peut se construire seul (v. ci-dessus, Il.
1, 37, etc.) ;
d’ord. il est en corrélat. avec d’autres
particules :
I avec un autre τε
soit seul (v.
ci-dessus, Od. 2, 388, etc.),
soit précédé d’une particule :
1 joint
à μέν et
à δέ : μέν
τε..., δέ τε : κραιπνότερος μὲν γάρ
τε νόος, λεπτὴ δέ τε μῆτις, Il.
23, 591, car il a l’esprit trop prompt
et le jugement faible ; cf. Il. 2, 90 ; 21, 260, etc. ;
μέν τε..., ἀλλά τε καί :
τῇ μέν τ’ οὐδὲ ποτητὰ παρέρχεται οὐδὲ
πέλειαι..., ἀλλά τε καί, Od.
12, 62, pas même un oiseau ne peut
franchir (ces roches), pas même les colombes..., mais, etc. ; sans corrél. exprimé dans
le second membre : μέν τε...,
δέ : τὰ μέν τε πυρὸς κρατερὸν μένος
αἰθομένοιο δαμνᾷ, ψυχὴ δ’ ἠΰτ’ ὄνειρος ἀποπταμένη πεπότηται,
Od. 11, 220, la
force puissante d’un feu ardent les consume, et l’âme s’envole
légère comme un songe ; cf. Il. 9, 508, etc. ; Od. 4, 102, etc. ;
μέν τε... αὐτάρ, Il. 4, 422, etc. ; Od. 1, 215, etc. ;
μέν τε... οὐδέ, Il. 5, 138 ; μέν τε... ἠδέ, Il.
4, 341 ; sans
corrélatif exprimé dans le premier membre :
μέν... δέ τε ; ἄνδρας
μὲν κτείνουσι, πόλιν δέ τε πῦρ ἀμαθύνει, τέκνα δέ τ’ ἄλλοι
ἄγουσι, Il. 9,
593, ils tuent les hommes, en même temps le feu réduit la
ville en cendres, et des étrangers emmènent les enfants ;
sans μέν
exprimé, particul.
dans les comparaisons et les descriptions où les faits sont
accumulés, Il. 1, 403 ; 2, 210, 456, 463,
804, etc. ; Od. 2, 277 ; 4, 497, etc. De même sans corrélatif antérieur, οὐδέ τε, Il. 1, 401 ; 2, 708,
etc. ; ἀλλά τε,
Il. 2, 754 ;
Od. 12, 67 ;
ἀτάρ τε, Il.
4, 484 ||
2 après
une particule conditionnelle ou hypothétique :
εἴπερ τε... τε : εἴπερ γάρ τε καὶ αὐτίκ’ Ὀλύμπιος οὐκ ἐτέλεσσεν, ἔκ τε καὶ
ὀψὲ τελεῖ, Il. 4, 160, et si le dieu de l’Olympe n’a pas
immédiatement vengé le parjure, il punira plus tard ; de même, εἴπερ τε..., ἀλλά
τε : εἴπερ γάρ τε χόλον γε καὶ
αὐτῆμαρ καταπέψῃ, ἀλλά τε καὶ μετόπισθεν ἔχει κότον,
Il. 1, 81, et
si pour le moment il étouffe sa colère, il n’en conserve pas moins
le ressentiment ; sans corrélatif exprimé dans
le premier membre : εἰ δὲ σύ γ’ ἐς
πόλεμον πωλήσεαι, ἦ τέ σ’ ὀΐω ῥιγήσειν πόλεμόν γε,
Il. 5, 350, et
si tu prends part au combat, je pense que tu frissonneras au
spectacle de la bataille ; ἦ τ’ ἂν ἀμυναίμην, εἴ
μοι δύναμίς γε παρείη, Od.
2, 62, certes je saurais écarter le mal,
si du moins j’avais la force ; cf.
Il. 3, 25 ;
19, 164, etc. ; avec omission du premier
membre de l’hypothèse, Il.
3, 56 ; 5, 201,
885, etc. ; avec omission du second membre, Od. 1, 188 ||
3 rar.
et seul. chez les Épq. on trouve τε à la fois dans une prop. princ.
et dans une prop. relat. dépendant de la première :
τόσσον τίς τ’ ἐπιλεύσσει, ὅσον τ’ ἐπὶ λᾶαν
ἵησιν, Il. 3,
12, on ne voit qu’à la distance où l’on peut jeter une
pierre ; avec τε seul. dans la prop.
relat. (v. ci-dessous II 1) ; ou seul. dans la prop.
princip. ; ὅς κε θεοῖς ἐπιπείθηται, μάλα
τ’ ἔκλυον αὐτοῦ, Il. 1, 218, celui qui sait obéir aux dieux, les dieux se
plaisent à l’exaucer ||
II avec καί :
dans les deux combinais. τε καί : ἦ γάρ κεν δειλός τε
καὶ οὐτιδανὸς καλεοίμην, Il.
1, 293, car on me traiterait de lâche et
d’homme vil ; τριηκόσιοί τε καὶ ἐξήκοντα,
Od. 14, 20,
trois cent soixante ; ou τε... καί : διαστήτην
Ἀτρείδης τε... καὶ δῖος Ἀχιλλεύς, Il. 1, 7, l’Atride et le
divin Achille étaient en désaccord ; cf. dans
les inscr. att., v. Meisterh. p. 207,
etc. ; particul. pour
rattacher deux membres de phrase marquant une idée
d’alternative : πείσας τε καὶ μὴ
τυχών, Thc. 3,
42, s’il persuade..., s’il échoue... ; Τυδείδης δὲ διάνδιχα μερμήριξεν, ἵππους τε στρέψαι καὶ
ἐναντίϐιον μαχέσασθαι, Il.
8, 167, le fils de Tydée était indécis
s’il devait faire tourner ses chevaux et combattre l’ennemi en face
(ou non) ; pour marquer une
coïncidence : μεσαμϐρίη τέ ἐστι καὶ
τὸ κάρτα γίνεται ψυχρόν, Hdt.
4, 181, au milieu du jour, l’eau (de
cette fontaine) devient très froide ; καὶ ἤδη τε
ἦν μέσον ἡμέρας καὶ οὔπω καταφανεῖς ἦσαν οἱ πολέμιοι,
Xén. An.
1, 8, 8, il était déjà midi et l’ennemi
ne paraissait pas encore ; cf.
Xén. An.
2, 1, 7 ; 4, 2,
12, etc. ; en
poésie au lieu de τε καί,
on trouve τε
ἠδέ : Ἥρη τ’ ἠδὲ Ποσειδάων,
Il. 1, 400,
Hèrè et Poseidôn ; σκῆπτρόν τ’ ἠδὲ
θέμιστας, Il. 2, 206, le sceptre et les lois ; ou τε ἰδέ, Il. 6, 469 ; chez les Épq. καί
est qqf. suivi de τε : καί τε,
Il. 1, 521 ;
en corrélat. avec un autre καί τε, Od. 14, 465 ; dans les autres
écriv. καί suivi de τε a la valeur d’un adv. : ἣν
ἐγὼ καὶ μητέρα πατέρα τ’ ἂν ἐνδίκως ἂν ἡγοίμην μόνην,
Eur. Alc.
647, que seule je pourrais à bon droit
reconnaître pour ma mère et pour mon père ; cf. Eschl. Eum. 75 ||
III avec un δέ suivant : τε...
δέ : νῦν δ’ ἅμα τ’ αὐτίκα πολλὰ
διδοῖ, τὰ δ’ ὄπισθεν ὑπέστη, Il.
9, 519, mais il te propose de te donner
sur-le-champ de grands biens, et il t’en promet d’autres pour
l’avenir ; ἦ τ’ ἐφάμην τίσασθαι Ἀλέξανδρον
κακότητος· νῦν δέ μοι ἐν χείρεσσιν ἄγη ξίφος, Il. 3, 366, je déclarais
devoir punir Paris de sa scélératesse, et voici que mon épée s’est
brisée entre mes mains ; cf. Il. 13, 631, etc. ; Eschl. Pers. 624 ; Soph. Ph. 1312, etc. ; Hdt. 1, 50, etc. ; Thc. 1, 23 ; Xén. Cyr. 4, 4, 3, etc. ||
IV avec un μέν précédent, Pd. O. 4, 16 ; 5, 11 ; P. 2, 31, etc. ; Soph. Ph. 1056, etc. ; Eur. Med. 13, etc. ; Thc. 2, 70 ||
V avec ἤ : ἢ... τε, au sens de :
ou... ou, Il. 2,
289 ; Eschl. Eum. 524 ; Xén. Hell. 6, 3, 6 ; ou τε... ἤ, m. sign.
Xén. Œc.
20, 12 ; Plat.
Ion 535d, etc. ; avec omission de
ἤ dans le premier
membre, Il. 19,
147 ||
C τε au sens relatif :
joint aux pronoms relatifs :
1 à ὅς et
à ses composés dans ὅστε
ou ὅτε, ἥτε,
τότε (v. ὅς) ; ὅσπερ τε
(v. ὅσπερ) ;
ἅτε (v. ce mot)
||
2 à ὅσος : ὅσος τε, ὅσος τέ περ (v.
ὅσος) ||
3 à οἷος : οἷός τε, οἷος πέρ τε (v.
οἷος) ||
4 à
l’adv. relat. ὡς, dans ὥστε et ὡσεί τε, comme si, comme
(v. ces mots) ||
5 à des
adv. de lieu relat. : ἔνθα
τε, où, Il. 2,
594 ; 5, 305 ; ἵνα τε, où, Il. 20, 478 ; A. Rh.
2, 735 ||
6 aux
conjonctions de temps ὅτε :
ὅτε τε, ὅτε πέρ τε, quand (v. ὅτε) ; ἐπεί : ἐπεί τε
(v. ἐπεί) ;
ὅκως : ὅκως
τε (v. ὅπως) ||
7 à γάρ : γάρ τε, car, Il.
2, 481 ; 23,
156, etc. ; Od. 3, 147, etc. ; γάρ τε καί,
Od. 15, 400,
car aussi, etc. ||
D Position : régulièrement τε
se place immédiatement après le mot qui doit
être rattaché à une idée précédente ou suivante ; par exception il
peut se placer :
1 après
l’article du mot auquel il se rapporte : τά τε δῶρ’ Ἀφροδίτης, ἥ τε κόμη τό τε εἶδος,
Il. 3, 54,
etc. les présents d’Aphroditè et ta
chevelure et tes traits ; τά τ’ ἔργα ὁμοίως καὶ
τοὺς λόγους, Thc. 1, 29, les actes aussi bien que les paroles ;
cf. Soph.
Ph. 314, 325
||
2 après
un gén. dépendant du mot auquel il se rapporte :
αἰθέρι ναίων γαίης τ’ ἐν ῥίζῃσι,
Hés. O.
19, habitant dans le ciel et au milieu
des racines de la terre ||
3 après
un adj. en relation avec deux subst. : ἐν τοσαύτῃ τε ἀγρυπνίᾳ καὶ λύπῃ, Plat. Crit. 43b, dans une si grande
inquiétude et un si grand chagrin ||
4 après
un relat. duquel dépend toute la prop. : οἵ τ’ Ἀθηναίων πόλιν ναίουσι καὶ γῆς τέρμονας
Τροιζηνίας, Eur. Hipp. 1158, et ceux qui
habitent la ville d’Athènes et (ceux qui habitent) les limites du
territoire de Trœzène ; ὥσπερ τε πόλις καὶ τὸ
δίκαιον ξυνεπαινεῖ, Eschl.
Sept. 1072,
comme s’accordent à le vouloir le bien de l’État et la justice
||
5 après
une conj. gouvernant deux propos, subord. :
ἢν ἐθέλωμέν τε μεῖναι καὶ μὴ
καταπροδοῦναι, Thc. 4, 10, si nous voulons tenir ferme et ne pas trahir
nos avantages ||
6 en
gén. après un mot duquel dépendent deux régimes réunis par
καί : ἔχων τε
αὐλητρίδα ἀγαθὴν καὶ ὀρχηστρίδα, Xén. Conv. 2, 1, avec une bonne joueuse de flûte et une
danseuse ||
7 après
une préposition gouvernant deux rég. mis en corrélation par
τε... τε ou par
τε... καί ; dans ce
cas d’ordin. la prépos. n’est pas répétée avec le second rég.,
et τε se
rattache immédiat. à celle-ci dans le premier membre :
παρά τ’ ἀθανάτοις τοῖς θ’ ὑπὸ γαῖαν,
Eschl. Eum.
951, auprès des immortels et de ceux qui
sont sous terre ; cf. Eschl. Sept. 30 ; Soph. O.R. 541, etc. ; Hdt. 1, 69, etc. ; Thc. 1, 49, etc. Même quand la prépos. est
répétée, τε suit cependant immédiat. celle placée dans le premier
membre : ἔκ τε πόντιας δρόσου ἐξ
οὐρανοῦ τε, Eschl. Eum. 905, des flots de la
mer et du ciel ||
8 entre
le subst. et le τε qui s’y rattache peuvent s’intercaler soit l’enclit.
τις, soit des
particules monosyll. : ὥς τίς τε
λέων, ᾧ ῥά τε, Il. 17, 132, comme un lion, auquel etc. ; cf. Il. 3, 12, 33 ;
4, 141, etc. ;
ὡς εἴ τε, Od.
9, 314, etc.
comme si, etc.
Étym.
indo-europ. *-kwe, et ;
cf. lat.
-que, sscr.
-ca ; v.
ὅτε 2.