ἀπό
ἀποαίνυμαιἀπό [ᾰ, mais v. fin]
A adv. (seul. en poésie et qqf. en
prose ion.) au loin, à l’écart : ἀπὸ
χλαῖναν βάλλειν, Il. 2, 183, jeter au loin son manteau ; τινὶ ἀπὸ λοιγὸν ἀμύνειν, Il.
1, 67, repousser au loin le fléau qui
menace qqn ; cf. Il. 14, 7 ; 16, 82, etc. ;
Eur. Med.
1174, etc. ;
de même en prose ion. Hdt. 8, 89. En ce sens ἀπό peut être rattaché par attract. à un gén. dépendant d’un
subst. : ἀπὸ μὲν λίθον εἷλε
θυράων, Od. 9,
416, il enleva et repoussa la pierre qui fermait la porte ;
βαλέειν τ’ ἀπὸ δάκρυ παρειῶν,
Od. 4, 198,
laisser tomber des larmes de ses joues ; cf. Il. 5, 416 ; Od. 6, 40 ; 21, 119 ||
B prép. avec le gén.
I en venant de,
de :
1 avec
idée de lieu, avec ou sans mouv. : ἀπὸ στρατοπέδου, Plat.
Theæt. 142a (partir) du camp ;
καπνὸς ἀπὸ χθονὸς ἀΐσσων, Od. 10, 99, fumée qui
s’élève du sol ; en parl. d’un lieu plus
élevé : ἀφ’ ἵππων, ἀπὸ νηῶν
μάχεσθαι ou μάρνασθαι, Il. 15, 386 ; Od. 9, 49, combattre du haut des chars, de dessus les
navires ; ἀφ’ ἵππων, Hdt. 1, 79, à cheval ;
ὀμμάτων ἄπο, Eur. Hec. 241 (sang qui coule) des yeux ; ἅψασθαι βρόχον ἀπὸ μελάθρου, Od. 11, 278, attacher un
lacet (pour se pendre) au plafond ; fig.
ἀπ’ αἰῶνος ὀλέσθαι, Il. 24, 725, quitter la
vie, mourir ; pléon. ἀπὸ Τροίηθεν, Il.
24, 492 ; ἀπ᾽
οὐρανόθεν, Il. 8, 365 ; 21, 199 ;
Od. 11, 18, de
Troie, du haut du ciel ||
2 avec
idée de temps, à partir de, à la suite de :
ἀπὸ δείπνου θωρήσσοντο, Il. 8, 54, au sortir de
table, ils s’armaient de leurs cuirasses (avec
double idée de lieu et de temps) ; d’où, en gén. ἀπὸ δείπνου εἶναι ou
γενέσθαι, Hdt.
1, 126, etc.
avoir dîné ; ἀπ᾽ ἀρχῆς, Eschl. Suppl. 343, etc. depuis le
commencement ; ἀφ’ ἑσπέρας, Thc. 7, 29 ; Xén. An. 6, 1, 23, à partir du soir, sur le soir ;
ἀπὸ παίδων, Xén.
Cyr. 1, 2, 6,
dès l’enfance ; τὸ ἀπὸ τούτου
ou τοῦδε,
Hdt. 1, 4,
etc. ; Att. ;
ἀπὸ τούτων, Plut. Oth. 16, à la suite de cela ; ἀφ’ οὗ
χρόνου, Xén. Cyr. 1, 2, 13,
ou simpl. ἀφ’
οὗ, Thc. 1,
18 ; ion. ἀπ’
οὗ, Hdt. 2,
44, etc. depuis que ||
3 avec
idée de descendance : οὐκ ἀπὸ δρυὸς
οὐδ’ ἀπὸ πέτρης, Od. 19, 163, (qui n’est issu) ni d’un chêne, ni d’un
rocher ; οἱ ἀπό τινος, Att. les descendants de qqn ; παίδων τῶν ἀπ’ Οἰδίπου, Soph. Ant. 193, des enfants d’Œdipe ; οἱ ἀπὸ
Δαμαράτου, Xén. Hell. 3, 1, 5, les enfants
de Damaratos, etc. ; p. opp. à ἐκ pour marquer une descendance lointaine (ἐκ marquant une descendance
immédiate) : τοὺς μὲν ἀπὸ θεῶν, τοὺς
δ’ ἐξ αὐτῶν τῶν θεῶν γεγονότας, Isocr. 249b, les uns descendant des dieux, les autres nés des
dieux eux-mêmes ; en gén. avec idée d’origine : ἀπὸ
Σπάρτης, Hdt. 8, 114, (celui, ceux) de Sparte ; cf. Thc. 1, 89, etc. ; οἱ ἀπὸ τῆς χώρας, Pol.
2, 6, 8 ; οἱ ἀπὸ τῆς
πόλεως, Pol. 5,
70, 8, ceux du pays, de la ville ; en
parl. des disciples d’un maître, d’une corporation,
etc.: οἱ ἀπὸ τοῦ
Πυθαγόρου, Luc. Herm. 14, les disciples de
Pythagore ; οἱ ἀπὸ τῆς Στοᾶς,
Ath. 333b ; Luc. Conv. 6, etc. les philosophes du
Portique ; οἱ ἀπὸ φιλοσοφίας καὶ λόγων,
Luc. Conv.
6, les philosophes et les lettrés ;
οἱ ἀπὸ τῆς σκέψεως, Sext. 187, 21 Bkk. les
philosophes sceptiques ; fig.
en parl. de choses ; κάλλος ἀπὸ Χαρίτων, Od.
6, 18, la beauté née des Grâces ;
μήδεα ἀπὸ θεῶν, Od. 6, 12, les sages
pensées qui viennent des dieux ; ὁ ἀπὸ τῶν
πολεμίων φόϐος, Xén. Cyr. 3, 3, 53, la crainte
qu’inspire l’ennemi ||
4 avec
un nom d’agent considéré comme point de départ de
l’action : ἔϐλητ’ ἐμῆς ἀπὸ
χειρός, Il. 11,
675, il a été frappé d’un trait parti de ma main ;
ἐπράχθη ἀπ’ αὐτῶν οὐδὲν ἔργον ἀξιόλογον,
Thc. 1, 17,
aucune œuvre mémorable n’a été accomplie par leur fait ;
τἀπ’ ἐμοῦ, Soph.
El. 1464, ce
qui est en mon pouvoir ; τὸ ἀπὸ σεῦ,
Hdt. 7, 101,
ton avis ; καὶ βέϐαια τἀπὸ σοῦ;
Eur. El.
280, et peut-on compter sur ce qui doit
venir de toi, sur ta coopération ? de même, avec
un n. de cause : ἐπωνυμίαν ἔχειν ἀπό
τινος, Thc. 1,
46, recevoir un surnom par suite de qqe particularité ;
κρίνειν ἀπ’ αὐτῶν τῶν ἔργων, Dém. 25, fin, juger d’après
les œuvres mêmes ; ἀπό τινος θαυμάζεσθαι,
διαϐάλλεσθαι, etc. Thc. 6, 12 ; 5, 17, etc. être admiré,
calomnié à cause de qqe ch. ; ἐπιγνοὺς τὸν
Μαχανίδαν ἀπὸ τῆς πορφυρίδος, Pol.
1, 18, 1, ayant reconnu Makhanidas à sa
robe de pourpre ; avec un gén.
d’origine : ἀπὸ τῶν ἐμῶν
δειπνήσετον, Ar. Pl. 891, vous souperez
tous deux à mes frais ; ἀπὸ τῶν οὐσιῶν εἰς
πόλεμον εἰσενεγκεῖν χρήματα, Plut.
Popl. 12,
contribuer aux frais de la guerre avec sa fortune (sel. d’autres, selon ses ressources) ; p. suite, avec un gén.
d’instrument ou de moyen : τοὺς
πέφνεν ἀπ’ ἀργυρέοιο βιοῖο, Il.
24, 605, il les tua de son arc
d’argent ; ἀπὸ χειρὸς ἐργάζεσθαί τι,
Luc. H. conscr.
29, faire qqe ch. de sa main ;
ἀπὸ γλώσσης, Hdt. 1, 123 ; Thc. 7, 10 ; ἀπὸ στόματος, Plat.
Theæt. 142d, de vive voix
(mais οὐκ ἀπὸ
γλώσσης, Eschl. Ag. 813, qui ne part pas
seulement de la bouche) ; ἀπὸ κτηνέων ζώειν καὶ
ἰχθύων, Hdt. 1,
216 ; ζώειν ἀπὸ θήρης,
Hdt. 4, 22 ;
ἀπὸ ληΐης τε καὶ πολέμου, Hdt. 4, 103, vivre de
bétail et de poissons ; de la chasse ; de butin et de guerre ;
ἀπὸ κυάμου καθιστάναι ἄρχοντα,
Xén. Mem.
1, 2, 9, instituer un magistrat par un
vote (litt. au moyen d’une fève) ;
avec un n. de matière : ἀπὸ ξύλου πεποιημένος, Hdt.
7, 65, fait de coton (vêtement) ;
ἀπ’ ὄμφακος τεύχειν οἶνον, Eschl. Ag. 970, faire du vin avec une grappe de raisin ;
κρᾶσις ἀπό τε τῆς ἡδονῆς συγκεκραμένη καὶ ἀπὸ
τῆς λύπης, Plat. Phæd. 59a, mélange fait de plaisir et de peine ;
avec un gén. de prix : κυλίκιον ἀπὸ ταλάντων τρισμυρίων, Spt. Esth. 1, 7, une petite coupe de 30 000 talents ;
cf. Pol.
24, 1, 7, etc. ; DS. 18, 4, etc. ; avec un gén. partitif : βαία
γ’ ἀπὸ πολλῶν, Eschl. Pers. 1022, de tant de
milliers il reste bien peu ! ἀπὸ τῶν ψιχίων
ἐσθίειν, NT. Matth. 15, 27, manger des
miettes ; avec un gén. d’objet :
ταῦτα μὲν τὰ ἀπὸ τῶν ποταμῶν,
Hdt. 4, 54,
voilà ce que j’avais à dire au sujet (litt. du côté) des fleuves ; τὰ
ἀπὸ τῆς νήσου, Hdt. 4, 195, ce qu’on dit de l’île (est vraisemblable) ;
cf. Hdt.
7, 195 ; Ar.
Ran. 762
||
II hors de, d’où :
1 en séparant de, en
éloignant de : ἐλευθεροῦν ἀπό τινος,
Thc. 2, 71,
délivrer de qqn (des Mèdes) ; λύειν ἀπό
τινος, Hés. Th. 501, délivrer de qqe
ch. ||
2 p.
suite, loin de : μένων ἀπὸ ἧς
ἀλόχοιο, Il. 2,
292, restant loin de son épouse ; κεκρυμμένος ἀπ’ ἄλλων, Od.
23, 110 (signe) caché, hors de la portée
d’autrui, c. à d. connu d’Ulysse et de
Pénélope seuls et inconnu à tout autre ; μοῦνος
ἀπ’ ἄλλων, Hh. Merc. 193, seul loin des
autres ; en parl. de mesures
itinéraires : ὅσον πέντε καὶ δέκα
στάδια ἀπὸ Φυλῆς, Xén. Hell. 2, 4, 4, environ à
15 stades de Phylè ; avec ἀπό dev. le gén. de
mesure : τὸ ὕδωρ ἀπὸ σταδίων
ὀγδοήκοντα κατήγαγεν εἰς τὴν Ῥώμην, DS. 20, 36, il amena l’eau
à Rome d’une distance de 80 stades ; ou dev. le
n. de nombre : ἀπὸ τετταράκοντα
σταδίων τῆς θαλάττης, DS.
4, 56, à 40 stades de la mer ;
fig. hors de, contrairement à :
ἀπὸ σκοποῦ, Od.
11, 344, hors du but, autrement qu’il ne
convient ; ἀπὸ δόξης, Il. 10, 324, etc. contrairement à l’opinion qu’on a ; ἀπ’ ἐλπίδος, Eschl.
Ag. 996 ;
ou ἀπ’ ἐλπίδων,
Soph. El.
1127, contre l’attente, contre
l’espérance ; ἀπὸ ἀνθρωπείου τρόπου,
Thc. 1, 76, en
dehors de l’ordre des choses humaines ||
III ἀπό se place qqf. en poésie après
son régime ; il s’accentue alors ἄπο : ὀμμάτων ἄπο
(sang qui coule) des yeux, Eur.
Hec. 241 ;
ou par le témoignage de mes yeux,
Eur. Med.
216 ; Il.
13, 696, etc. ; Od. 6, 12, etc. ||
IV En
compos. ἀπό marque :
1 la séparation
(ἀπολύω, ἀποτέμνω), d’où l’éloignement (ἀπάγω,
ἀπέρχομαι) ||
2 p.
suite, le changement (ἀπανδρόω,
ἀπανθρωπίζω) ||
3 l’achèvement
(ἀπεργάζομαι, ἀποτελέω), d’où la cessation (ἀπαλγέω,
ἀποζέω) ||
4 le retour (ἀποδίδωμι, ἀπόπλους) ||
5 la privation
ou la négation (ἀπάνθρωπος, ἀπαυδάω) ||
E [ᾱ] dans ἀπονέεσθαι (v. ce mot)
par nécessité prosodique ; la finale est qqf.
allongée chez les anciens Épq. à l’arsis devant une liquide
(ἀπὸ νευρῆς, Il.
11, 664 ; ἀπὸ
ῥίου, Il. 14,
154, etc.) ; dans ce cas les poètes récents préfèrent ἀπαί. — Éol. ἀπύ, Thcr. Idyl. 28, 16.
Étym.
indo-europ. *h₂epo, cf.
lat. ab,
sscr. ápa.