χρή
χρῇχρή [dans Hom. bref devant
une voy.]
A impers. aux temps suiv. : prés. χρή, d’où sbj. χρῇ, opt. χρείη, inf. χρῆναι, part. χρεών ; impf. ἐχρῆν ou χρῆν, f. χρήσει et qqf. f. moy.
χρῆσται
I il est besoin, il est
nécessaire, il faut :
1 avec
l’inf. Il. 1,
216 ; 4, 57, etc. ; Od. 3, 209 ; 6, 207,
etc. ; Eschl.
Pr. 295,
1067 ; Plat. Euthyphr. 4c, 9a ; souv. avec ellipse de cet
inf. ; θύσαντες οἷς χρή
(s. e. θύειν)
Plat. Rsp.
415e, ayant
offert un sacrifice à ceux à qui il faut ; ποθεῖν ἃ μὴ χρή (s. e.
ποθεῖν) Eschl.
Ag. 342,
regretter ce qu’il ne faut pas ; cf.
Thc. 2, 89,
etc. ; ὡς χρή,
Eschl. Ag.
1556, comme il faut ||
2 avec
la prop inf. : τί σε χρὴ ταῦτα
λέγεσθαι; Il. 13, 275, qu’est-ce qui te force à dire cela ?
οὐδέ τί σε χρὴ νηλεὲς ἦτορ ἔχειν,
Il. 9, 496, il
ne faut pas que tu aies un cœur impitoyable ; cf. Il. 9, 333 ; 23, 644,
etc. ; Soph.
Ant. 247,
Ph. 135, fr.
148 ; avec ellipse de
l’inf. : τίπτε μάχης ἀποπαύεαι; οὐδέ
τι σε χρή (s. e. ἀποπαύεσθαι), Il.
16, 721, pourquoi cesses-tu le combat ?
il ne le faut pas ||
3 rar.
avec un dat. de pers. et un inf. : ἄλλῳ γὰρ ἤ μοι χρή με τῆσδ’ ἄρχειν χθονός;
Soph. Ant.
736, est-ce pour un autre ou pour moi,
c. à d. dans l’intérêt d’un autre ou dans
le mien, que je dois gouverner ce pays ? cf. Eur. Ion 1317 ; Luc. Herm. 58 ||
4 avec
un gén. de ch. et un acc. de pers. : μυθήσεαι ὅττεό σε χρή, Od.
1, 124, tu diras ce qu’il te faut ;
οὐ μέν σε χρὴ ἔτ’ αἰδοῦς, Od. 3, 14, tu n’as plus
besoin d’une fausse honte ; τί με χρὴ μητέρος
αἴνου; Od. 21,
110, qu’ai-je besoin de faire l’éloge de ma mère ?
cf. Il.
7, 109 ; Od.
4, 463 ||
5 à
l’impf. au sens du conditionnel franç. : ἔκανες ὃν οὐ χρῆν, Eschl.
Ch. 930, tu as
tué celui qu’il ne fallait pas, c. à d.
que tu n’aurais pas dû tuer ; cf.
Eschl. Ag.
879 ; Soph.
Tr. 1133,
etc. ||
II en
parl. du destin, il est fatal, c’est l’arrêt du
destin : χρῆν γὰρ Κανδαύλῃ γενέσθαι
κακῶς, Hdt. 1,
8, car il fallait qu’il arrivât malheur à Candaule ;
cf. Eschl.
Pr. 100, 183 ;
Ch. 201 ;
Soph. O.R.
791, etc. ;
subst. τὸ χρῆν,
Eur. H.f.
828, Hec.
260, la fatalité, le destin ||
B impf. 2 sg. χρῆσθα,
Ar. Ach.
778, tu devais ||
C part. prés. neutre χρεών,
indécl. :
I avec ou sans ἐστί, il est
nécessaire de, il faut, suivi d’un inf.
Thgn. 564 ;
Eschl. Ag.
922 ; Soph.
O.R. 633,
etc. ; ou d’une prop.
inf. : Pd. P. 2, 96 ; Hdt. 1, 41, 57 ;
2, 133 ; Eschl.
Pr. 712, 970,
etc. ; Thc.
5, 49, etc. : τοῖς ἐμοῖς αὐτὴν χρεὼν
τόξοις ἁλῶναι, Soph. Ph. 1439, c’est l’arrêt du
destin qu’elle soit prise avec le secours de mes flèches ||
II à
l’acc. abs. quand il faut ; χρεόν μιν μὴ
λέγειν τὸ ἐόν, Hdt. 5, 50 ; cf. Hdt. 9, 58, quand il lui
fallait ne pas dire ce qui était ; ὑμεῖς οὐ
χρεὼν ἄρχετε, Thc. 3, 40, vous commandez quand il ne le faut pas,
c. à d. sans droit ||
III subst. et indécl. seul. aux nom., gén. et acc.
τὸ χρεών, ion.
τὸ χρεόν, ce qu’il faut, ce qui doit
être, Hdt. 2,
133 ; Eschl. Ch. 918 ; p. suite :
1 la nécessité,
Eur. Hipp.
1256, H.f.
21, etc. ;
Plat. Phædr.
255a ;
avec le gén. : οὐκ ἔστιν ἀπαλλαγὴ τοῦ χρεών, Eur. Hipp. 1256, on n’échappe pas à la destinée ; avec l’inf. τὸ χρεὼν
γενέσθαι, Hdt. 7, 17, ce qui doit arriver ||
2 la mort, Luc. Herm. 6 ; D. mort. 27, 9 ; εἰς τὸ χρεὼν
ἰέναι, Plat. Ax. 364c, 365b, etc. aller à
l’inévitable destin, c. à d. à la mort
||
E Dans Hom. seul. le prés. ind. χρή. En poésie χρεών qqf. monosyll.
Étym.
p.-ê. R. indo-europ. *ghreh₁-, mais sans
rapprochement hors du grec ; cf.
χράω 2, 3, 4.