εἰρωτάω

εἰς

εἷς
εἰς, ion. dor. et anc. att. ἐς (v. fin de l’article), adv. et prép. dedans, dans, avec idée de mouvement.
A Adv. (seul. en poésie) dedans, dans : ἐς δ’ ἄγε, Il. 11, 646, 778, etc. et il l’attirait à l’intérieur ; ἐς δ’ ἦλθον, Od. 1, 144 ; 20, 160, alors (les prétendants) entrèrent, litt. vinrent dedans ; ἐς δ’ ἤϊεν, Od. 21, 391, puis lui-même alla dedans, c. à d. rentra dans (la grande salle) ; ἐς δ’ ἐρέτας ἀγείρομεν, Il. 1, 142, et rassemblons dedans une troupe de rameurs ; de même, au sens adv., avant un acc. dépendant d’un verbe de mouvement : τὼ δ’ εἰς ἀμφοτέρω Διομήδεος ἅρματα βήτην, Il. 8, 115, les deux héros ensemble (Diomède et Nestor) montèrent sur le char de Diomède à l’intérieur ; cf. Od. 2, 152.
B Prép. avec l’acc.
I dans :
1 avec les verbes de mouvement et un acc. de lieu : νῆα ἐρύσσομεν εἰς ἅλα δῖαν, Il. 1, 141, tirons un navire et poussons-le sur la mer divine ; ἐμϐαλοῦ μ’ εἰς ἀντλίαν, εἰς πρῷραν, εἰς πρύμνην, Soph. Ph. 482, jette-moi dans la sentine, à la proue, à la poupe ; κατέϐησαν εἰς τὸ πεδίον, Xén. An. 4, 6, 17, ils descendirent dans la plaine ; εἰς ἐλάτην ἀναϐάς, Il. 14, 287, après être monté au milieu (des branches) d’un sapin ; βέλος εἰς ἐγκέφαλον δῦ, Il. 8, 85, le trait s’enfonça dans sa cervelle ; — avec un n. de ville, de pays, de mer, de fleuve, etc. εἶμι γὰρ ἐς Σπάρτην, Od. 2, 359, car je vais à Sparte ; Βοιωτοὶ νῦν ἀπειλοῦσιν ἐμϐαλεῖν εἰς τὴν Ἀττικήν, Xén. Mem. 3, 5, 4, maintenant les Béotiens menacent de se jeter sur l’Attique ; εἰς Ἑλλήσποντον εἰσέπλει, Xén. Hell. 1, 1, 2 (Doriée) entra avec sa flotte dans l’Hellespont ; — p. anal. avec un n. de peuple : ἀφίκετο ὁ Κῦρος εἰς Μήδους, Xén. Cyr. 2, 1, 2, Cyrus arriva chez les Mèdes ; ἦλθον ἐς τοὺς Βοιωτούς, Thc. 5, 39 (les envoyés) arrivèrent chez les Béotiens ; εἰς Πέρσας ἔπεμπε, Xén. Cyr. 1, 5, 4, il envoya chez les Perses ; — en gén. avec un subst. plur. ou un nom collect. au sg. marquant l’idée d’une réunion de personnes au milieu desquelles on se présente : ποῖ γὰρ μολεῖν μοι δυνατόν; ἐς ποίους βροτούς; Soph. Aj. 1106, car où puis-je aller ? au milieu de quels mortels ? particul. en parl. de tribunaux, d’assemblées : γραφεὶς τὸν ἀγῶνα τοῦτον εἰς ὑμᾶς εἰσῆλθον, Dém. 18, 103 Baiter-Sauppe, assigné pour ce procès, je suis venu dans cette enceinte devant vous ; ἐς τὸν δῆμον παρελθεῖν, Thc. 5, 45, s’avancer au milieu du peuple ; — p. suite, avec un n. de pers. au sg. : εἰς Ἀγαμέμνονα δῖον ἄγον, Il. 7, 312 (les Grecs) menaient (Ajax) auprès du divin Agamemnon ; ἐς Μενέλαον ἐλθεῖν, Od. 3, 317, aller auprès de Ménélas ; cf. Il. 15, 402 ; Od. 14, 127, etc. ; ἀφικόμενος δ’ εἰς Πόπλιον Οὐαλέριον, DH. 2, 859 Reiske, arrivé auprès de Publius Valerius ; etc.L’acc. dépendant de εἰς, lorsqu’il signifie « maison, demeure, habitation » et qu’il est suivi d’un n. de pers. au gén. est d’ord. s.-entendu : ἷξεν ἐς Πριάμοιο (s. e. οἶκον) Il. 24, 160, il vint dans la demeure de Priam ; ἐς πατρὸς ἀπονέεσθαι, Od. 2, 195, revenir dans la maison de son père ; εἰς Ἀΐδαο, εἰς Ἅιδου (v. Ἅιδης) ; ἐπὶ δεῖπνον εἶμι εἰς Ἀγάθωνος, Plat. Conv. 174a, je vais souper chez Agathôn ; τὸν παῖδα εἰς διδασκάλων πέμπειν, Plat. Prot. 325d, envoyer l’enfant à l’école, litt. chez des maîtres (v. διδάσκαλος) ; ἐπειδὰν εἰσέλθω οἴκαδε εἰς ἐμαυτοῦ, Plat. Hipp. ma. 304d, lorsque je serai rentré à la maison chez moi ; sans οἴκαδε : φέρων δὲ ἐς σεωυτοῦ ἀπόκτεινον, Hdt. 1, 108, emporte(-le) chez toi et tue(-le) ; ἠγάγετο ἐς ἑωυτοῦ, Hdt. 9, 108, il emmena chez lui ; p. anal. εἰς ἡμετέρου (vulg. ἡμέτερον) Od. 2, 55 ; 7, 301 ; 17, 534 ; Hh. Merc. 370, chez mon père (εἰς ἡμ. = εἰς ἐμοῦ πατρὸς οἶκον) ; de même en parl. d’une divinité : εἰς Ἀθηναίης (s. e. ἱερόν) Il. 6, 379, dans le temple d’Athènè ; cf. εἰς Ἀσκληπίου, εἰς Ἀπόλλωνος, ἐς Δήμητρος, ἐς Διονύσου, etc. (v. ces mots) ; de même, en parl. du lit d’un fleuve : εἰς Αἰγύπτοιο (s. e. ῥόον) dans le lit de l’Ægyptos ; — εἰς se construit qqf. en app. avec un adv. de lieu : οἴκαδε εἰς ἐμαυτοῦ (v. ci-dessus) ; ἔνδον εἰς τὴν οἰκίαν σου, Spt. Deut. 21, 12, chez toi, dans ta maison ||
2 avec les verbes ou les substantifs qui impliquent une idée de mouvement ou de direction, p. ex. avec les verbes signifiant « voir, regarder, appeler », etc. : εἰς ὦπα ἰδέσθαι, Il. 9, 373, regarder en face ; εἰς ὦπα ἔοικεν, Il. 3, 158, (à le voir) en face, il ressemble à, etc. ; καλέσαι τινὰ ἐς ὄψιν, Hdt. 5, 106, mander qqn devant soi, litt. devant ses yeux ; παραγγέλλειν εἰς τὰ ὅπλα, Xén. An. 1, 5, 13, appeler aux armes ; ὁ ἀπόστολος ἐς τὴν Μίλητον, Hdt. 1, 21, l’envoyé chargé d’aller à Milet ; ἦν ξύνοδος ἐς Δῆλον, Thc. 3, 104, il y avait eu un grand concours (d’Ioniens) à Dèlos ||
3 avec les verbes de repos qui impliquent l’idée d’un mouvement accompli ou à accomplir : ἐς θρόνους ἕζοντο, Od. 4, 51, ils s’assirent sur des trônes ; στὰς ἐς μέσον, Xén. Cyr. 4, 1, 1, s’étant placé debout au milieu (de ses soldats) ; ἐφάνη λῖς εἰς ὁδόν, Il. 15, 276, un lion parut sur la route ; παρῆσαν εἰς Σάρδεις, Xén. An. 1, 2, 2, ils se trouvaient à Sardes (où ils venaient d’arriver) ; κατασκηνοῦν εἰς κώμας, Xén. An. 2, 2, 16, se disperser dans les villages pour camper sous tente ; εἰώθειμεν φοιτᾶν παρὰ τὸν Σωκράτη, συλλεγόμενοι ἕωθεν εἰς τὸ δικαστήριον, Plat. Phæd. 59d, nous avions pour habitude d’aller fréquemment chez Socrate ; le rendez-vous avait lieu dès le point du jour devant le tribunal ||
4 sans verbe ni subst. impliquant l’idée de mouvement ou de direction, εἰς marquant à lui seul cette idée : λέγειν εἰς τὸ μέσον τῶν ταξιάρχων, Xén. Cyr. 3, 3, 7, venir se placer au milieu des taxiarques et dire, etc. ; ἐς τὸν δῆμον λέγειν, Thc. 5, 45, venir dire devant le peuple ; εἰς τοὺς Ἕλληνας σαυτὸν σοφιστὴν παρέχειν, Plat. Prot. 312a, te produire devant les Grecs comme sophiste ; αἱ ἐς τὸ φανερὸν λεγόμεναι αἰτίαι, Thc. 1, 23 (voici) les raisons qui furent ouvertement données ; βούλομαι ἐς τὸ βαλανεῖον, Ar. Ran. 1279, je veux aller au bain ; ἁλίσκεσθαι εἰς Ἀθήνας, Xén. Hell. 1, 1, 23, être pris et envoyé à Athènes ; τοῖς στρατηγοῖς τοῖς εἰς Σικελίαν, And. 3, 30, aux généraux désignés pour aller en Sicile ||
5 postér. sans idée apparente de mouvement, et c. syn. de ἐν : οἰκεῖν εἰς τὰ Ὕπατα, Luc. As. 1, habiter à Hypates ; εἰς Ἐκϐάτανα ἀπέθανε, El. V.H. 7, 8, il mourut à Ecbatane ; ὁρᾶται λιμὴν εἰς αὐτὴν κάλλιστος, DS. 3, 44, on y voit un très beau port ; τὸ χρυσίον ὃ εἰλήφεσαν εἰς Ῥώμην, DS. 14, 117, l’or qu’ils avaient pris à Rome ; εἰς τὸ Πρυτανεῖον ἐσιτεῖτο, Hld. 1, 10, il était nourri dans le Prytanée ; τὴν γῆν εἰς ἣν ὑμεῖς κατοικεῖτε, Spt. Num. 35, 33, le pays que vous habitez ; μηκέτι αὐλισθῆτε εἰς Νινευῆ, Spt. Tob. 14, 10, ne séjournez plus à Ninive ; cf. Spt. 1 Macc. 9, 16 ; etc. (cf. invers. ἐν avec idée de mouvement, et, sur la communauté d’orig. de εἰς ou ἐς et de ἐν, v. fin de l’article) ||
II jusqu’à (avec simple idée de direction sans signifier « entrer dans »)
1 avec idée de lieu : εἰς τὸν οὐρανὸν ἥλλοντο, Xén. Cyr. 1, 4, 11 (les animaux) bondissaient jusqu’au ciel ; p. opp. à ἐκ : ἐκ κεφαλῆς ἐς πόδας ἄκρους, Il. 16, 640, de la tête à la pointe des pieds ; ou simpl. ἐς πόδας ἐκ κεφαλῆς, Il. 22, 397 ; 23, 169 ; ἐκ τῶν ποδῶν ἐς κεφαλήν, Ar. Pl. 650, de la tête aux pieds, des pieds à la tête, cf. ἐς σφυρὸν ἐκ πτέρνης (v. σφυρός) ; ἐς μυχὸν ἐξ οὐδοῦ (v. οὐδός) ; — avec idée de temps : ἐς ἠῶ, Od. 11, 375, jusqu’à l’aurore ; ἐς ἠέλιον καταδύντα, Od. 9, 161, jusqu’après le coucher du soleil (mais v. ci-dessous) ; εἰς ἄνδρας ἐκ μειρακίων τελευτῶσι, Plat. Theæt. 173b, de jeunes hommes ils finissent par devenir des hommes faits ; εἰς ἄνδρα γενειῶν, Thcr. Idyl. 13, 28, devenant un homme avec de la barbe ; ἐς ἐμέ, Hdt. 1, 92, jusqu’à mon temps, litt. jusqu’à moi ; p. opp. à ἐκ : ἐκ νεότητος ἐς γῆρας, Il. 14, 86, de la jeunesse à la vieillesse ; ἐκ παιδὸς εἰς γῆρας, Eschn. 1, 180 Baiter-Sauppe, de l’enfance à la vieillesse ; avec un adv. εἰς πότε; Soph. Aj. 1185, jusques à quand ? ἐς τότε, Plat. Leg. 845c, jusqu’alors ; εἰς ὅτε, Od. 2, 99 ; ἐς οὗ, Hdt. 1, 67 ; 3, 31, jusqu’à ce que, jusqu’au moment où ; — fig. εἰς τοῦτο θράσους καὶ ἀναιδείας ἀφίκετο, Dém. 21, 194 Rehd. il en est venu à ce degré d’audace et d’impudence ||
2 avec idée de temps : en parvenant à, au moment de : ἐς ἠέλιον καταδύντα, Od. 3, 138, avec le coucher du soleil (mais v. ci-dessus, A, II, 1) ; ἐς ὕστερον, Od. 12, 126, le lendemain ; ἐς αὔριον, Il. 8, 538 ; Plat. Leg. 858b, m. sign. ; ἐς ὀψέ, Thc. 8, 23, sur le tard ; ἐς τέλος, Hdt. 3, 40, à la fin ; ἐς καιρόν, Hdt. 4, 139, au moment opportun ||
3 avec un n. de nombre, jusqu’à, aux environs de, vers : ἐς τριακάδας δέκα ναῶν, Eschl. Pers. 339, 300 vaisseaux environ ; ναῦς ἐς τὰς τριακοσίας, διακοσίας, etc. 200, 300 vaisseaux environ ; τοξότας καὶ σφενδονήτας εἰς τετρακοσίους, Xén. An. 3, 3, 6, environ 400 archers et frondeurs ; — particul. en un sens distributif : ἐς δεκάδας διακοσμεῖσθαι, Il. 2, 126, être disposé par groupes de dix ; εἰς δύο, Xén. An. 2, 4, 26, deux par deux ; εἰς ὀκτώ, Xén. An. 7, 1, 23, jusqu’à huit, c. à d. sur huit rangs de profondeur ; ἐς δραχμὴν ἑκάστῳ διέδωκε, Thc. 8, 29, il distribua à chaque homme une drachme ||
III p. suite, avec idée de direction ou de destination, vers, c. à d.
1 avec un n. de lieu, de pays, de peuple : εἰς οὐρανὸν ἰδεῖν, Il. 3, 364, regarder vers le ciel ; avec un subst. ἡ εἰς Βοιωτοὺς ὁδός, Xén. An. 5, 3, 6, la route qui mène en Béotie ; τὸ εἰς Παλλήνην τεῖχος, Thc. 1, 56, le mur qui regarde Pallène ||
2 avec un n. de pers. envers, à l’adresse de : λέγειν εἴς τινα, Xén. An. 5, 6, 28, parler à qqn ; δίκαιος εἴς τινα, Soph. Tr. 410, juste envers qqn ; ἀλλ’ οὔτε πρὸς τοὺς ἄλλους οὔτε ἐς ἡμᾶς τοιοίδε εἰσίν, Thc. 1, 38, mais tels ils ne sont ni pour les autres ni envers nous ; τούτοις δ’ ἐς ἀμφοτέρους φιλία ἦν, Thc. 2, 9, ceux-ci avaient des relations d’amitié à la fois avec les deux partis ; ἡ εἰς ὑμᾶς εὔνοια, And. 1, 141 Baiter-Sauppe, la bienveillance envers vous ; en mauv. part : ἁμαρτάνειν εἴς τινα, Eschl. Pr. 945, pécher envers qqn ; ὀργῇ χαλεπῇ χρῆσθαι ἔς τινα, Thc. 1, 130, se montrer avec qqn d’une humeur intraitable ; ἁμάρτημα εἴς τινα, Isocr. 178d, faute à l’égard de qqn ; αἰτία ἔς τινα, Thc. 1, 66, accusation contre qqn ; ἔχθρα ἔς τινα, Hdt. 6, 65 ; Thc. 2, 68, haine contre qqn ||
3 avec idée de temps, en vue de : εἰς ἐνιαυτόν, Il. 19, 32 ; Od. 4, 495 ; Xén. Œc. 7, 36, pour une année ; cf. Od. 9, 135 ||
4 avec idée d’une occupation ou d’une destination quelconque : ἐς πόλεμον θωρήσσεσθαι, Il. 8, 376, revêtir sa cuirasse pour la bataille ; ἴμεν ἐς θήρην, Od. 19, 429, partir pour la chasse ; πέμψον εἰς κατασκοπήν, Soph. Ph. 45, envoie en observation ; εἰς κέρδος τι δρᾶν, Soph. Ph. 111, faire qqe ch. en vue d’un gain ; ἐς φόϐον, Il. 15, 310, pour effrayer ; ἐς γράμματα, Plat. Leg. 809e, pour apprendre ; avec un subst. τὰ εἰς τὸν πόλεμον ἔργα, Xén. An. 1, 9, 5, les exercices en vue de la guerre, les exercices militaires ; ἡ εἰς ἑορτὰς ἐσθής, Xén. Œc. 9, 6, les vêtements pour les jours de fête ; avec un adj. ἀγαθὸς εἰς πόλεμον, Xén. An. 1, 9, 14 ; Cyr. 3, 3, 6, propre à la guerre ; ἐπιτήδειος ou εὐπρεπὴς ἔς τι, Hdt. 1, 115 ; 2, 116, propre à qqe ch. ; de même avec σύμφορος, χρήσιμος, etc. ||
5 pour marquer une idée de relation, à l’endroit de, en ce qui regarde, en ce qui concerne, quant à : αἰτία ἐπιφερομένη ἐς μαλακίαν, Thc. 5, 75, accusation de lâcheté portée contre qqn ; avec un subst. ἡ ἐς γῆν καὶ θάλατταν ἀρχή, Thc. 8, 46, la domination sur terre et sur mer (litt. en ce qui regarde la terre, etc.) ; δέος ἐς Συρακοσίους, Thc. 6, 85, la crainte à l’égard des Syracusains ; avec l’art. neutre : τό γ’ εἰς ἑαυτόν, Soph. O.R. 706, ce qui regarde chacun en propre ; τὸ εἰς ἐμέ, Eur. I.T. 691, ce qui me concerne ; avec un adj. Ἀθηναῖος εἶ, πόλεως τῆς μεγίστης καὶ εὐδοκιμωτάτης εἰς σοφίαν καὶ ἰσχύν, Plat. Ap. 29d, tu es d’Athènes, de la cité la plus grande et la plus renommée pour sa sagesse et sa force ; de même dans un grand nombre de locut. : εἰς ὅσον ἐγὼ σθένω, Soph. Ph. 1389, pour autant que j’ai de force, selon mes forces ; ἐς τὰ ἄλλα, Thc. 1, 1, pour le reste, quant au reste ; ἐς τὰ πάντα, Eschl. Pr. 736, en tout, absolument ||
6 p. suite, en relation ou d’accord avec, conformément à, d’où par suite de, selon : εἰς νόμον, Plut. Leg. 733d, selon la loi ; εἰς δύναμιν, Xén. An. 2, 3, 23, etc. ; ἐς τὸ δυνατόν, Xén. Cyr. 2, 1, 22, selon le possible ; ἐς τὸν πωλικὸν τρόπον, Luc. Zeux. 4, à la façon des jeunes chevaux ; εἰς ὄρνιθος τρόπον, Luc. Halc. 4, à la façon d’un oiseau ; de même dans un grand nombre de locut. adv. εἰς καλόν = καλῶς, Soph. El. 403, Ph. 78 ; Plat. Phæd. 76e, bien, noblement (litt. selon ce qui est beau) ; ἐς τάχος = ταχέως, Ar. Ach. 686, vite ; ἐς κοινόν = κοινῶς, Eschl. Pr. 844, Eum. 408, en commun ; ἐς τὸ ἀκριϐές, Thc. 6, 82 ou ἐς ἀκρίϐειαν, Plat. Leg. 809e = ἀκριϐῶς, exactement ; etc. ||
C En composition εἰς marque l’idée d’« entrer dans » (εἰσϐαίνω, εἰσέρχομαι, etc.) ||
E Remarques :
I Construction de εἰς : εἰς est qqf. construit après son rég. δώματ’ εἰς αἰγιόχοιο, Il. 1, 222, dans le palais du dieu qui porte l’égide ; μάχην ἐς, Il. 15, 59, au combat ; cf. Od. 3, 137 ; 7, 318 ; 15, 541 ; Soph. O.C. 127. — Sur la construct. ellipt. de εἰς avec un gén. et sur l’emploi pléonast. de εἰς devant ἅλαδε, v. ci-dessus B, I, 1.
II Emploi de εἰς ou de ἐς : dans Hom. εἰς seul. devant une voyelle (sauf dans le cps. εἰσϐάλλω) ; les Ioniens et les Doriens, et, parmi, les Attiques, Thucydide préfèrent ἐς ; ttef. en poésie εἰς se met dev. une voyelle, lorsque le mètre demande une longue ; les Tragiques et les Comiques emploient d’ord. ἐς dev. une cons., εἰς dev. une voy. ; ttef. chez les Trag. (non chez les Com.) ἐς se met même dev. une voy. quand le mètre demande une brève ; en prose attique, excepté chez Thucydide, εἰς est la forme usuelle dev. les voy. et les cons., sauf dans les deux expressions proverb. ἐς κόρακας et ἐς μακαρίαν (v. ces mots) ; dans les inscr. att. ἐς est la forme usuelle j. en 380 av. J.-C., puis εἰς devient la forme dominante ; ttef. même alors on trouve qqf. εἰς dev. une consonne, ἐς dev. une voyelle : εἰς τὸ Πρυτανεῖον ἐς αὔριον, CIA. 2, 115, 27 (343 av. J.-C.) ; v. Meisterh. p. 174, 14 note 1459a.
Étym. ἐν avec l’acc. de direction dans certains dialectes = ἐνς dans d’autres, d’où εἰς, ἐς ; cf. ἐκ = ἐξ.