ἤ, exclamation pour appeler l’attention ; ἢ ἢ σιώπα, Ar. Nub. 105 (ἠή Dind.) hé! silence.
ἤ, conj.
A ou :
I entre deux mots d’une même prop. : χρηστὸς ἢ πονηρός, Plat. Prot. 313a, bon ou méchant ; βελτίους ἢ χείρους, Plat. Rsp. 335b, meilleurs ou pires ; σὺν τρισὶν ἢ τέτταρσι, Xén. An. 1, 8, 12, avec trois ou quatre ; qqf. dev. chacun des deux mots corresp. : ἤ τις ἢ οὐδείς, Hdt. 3, 140, ou quelqu’un ou personne ; ἢ σέ γε Μοῦσ’ ἐδίδαξε Διὸς παῖς, ἢ σέ γ’ Ἀπόλλων, Od. 8, 488, soit que tu aies eu pour t’enseigner la Muse, fille de Zeus, ou Apollon ; répété trois ou quatre fois : ἢ Ἀπόλλων ἢ Πὰν ἢ Ζεύς, Eschl. Ag. 55, ou Apollon ou Pan ou Zeus ; γεωργὸς ἢ ἱππεὺς ἢ ἰατρὸς ἢ αὐλητὴς ἢ ἄλλ’ ὁτιοῦν, Xén. Cyr. 1, 6, 22, (si tu veux être) laboureur ou cavalier, ou médecin, ou joueur de flûte, ou n’importe quoi autre chose ; qqf. avec ἠέ au lieu de au dernier terme : τὸν δέ τις ἀθανάτων βλάψε φρένας, ἠέ τις ἀνθρώπων, Od. 14, 178, quelque immortel ou quelqu’un parmi les hommes a troublé sa raison ; de même ἢ... ἠέ, Il. 15, 502 ; ἢ... ἢ... ἢ... ἠέ, Il. 1, 145 ; peut être suivi de καί au dernier terme : ἀλλ’ ἄγε δή τινα μάντιν ἐρείομεν ἢ ἱερῆα ἢ καὶ ὀνειροπόλον, Il. 1, 62, mais voyons, consultons donc un devin ou un prêtre, ou même un interprète de songes ||
II entre deux prop. (dans cette construct. a souv. le sens de ou alors, sinon) : ὅπως καὶ ὑμεῖς ἐμὲ ἐπαινέσετε, ἐμοὶ μελήσει, ἢ μηκέτι με Κῦρον νομίζετε, Xén. An. 1, 4, 16, j’aurai à cœur que vous aussi ayez à vous louer de moi, ou alors croyez que je ne suis plus Cyrus ; ἔργον γε οὐδαμοῦ ληπτέον, ἢ εὐθὺς ἐλεγχθήσεται γελοῖος ὤν, Xén. Mem. 1, 7, 2, il devra ne se mettre à l’œuvre nulle part, ou la preuve sera bientôt faite qu’il est ridicule ; dev. les deux prop. corrél. : ἢ παντάπασιν ἀμαχεὶ λάϐοιμεν ἂν τὸ ἄκρον ἢ ὀλίγοις τε καὶ ἀσθενέσι χρησαίμεθ’ ἂν πολεμίοις, Xén. Cyr. 3, 2, 4, ou nous pourrions prendre la hauteur absolument sans combat, ou nous aurions affaire à un ennemi peu nombreux et peu solide ; en ce cas ἤτοι se substitue qqf. à au commenc. de la première prop.: ἤτοι... ἤ, Eschl. Ag. 662 ; Soph. Ant. 1182, etc. ou... ou ; et en poésie (mais non chez les Att.) au commenc. de la seconde : ἢ... ἤτοι, Pd. N. 6, 8 ; fr. 103 (les Att. n’admettent ἤτοι au commenc. du second membre que si le premier ne commence pas par ἤ, Eur. Antiop. fr. 223, 9 Kannicht conj., v. Henri Weil, Revue des Études Grecques, t. 3, no 12, 1890, p. 482) ||
III dans les prop. d’interrogation directe pour marquer le second terme d’une alternative, en corrélat. :
1 avec un premier membre sans particule interr. τί χρή με στέγειν ἢ τί λέγειν πρὸς ἄνδρ’ ὑπόπταν; Soph. Ph. 136, que dois-je cacher ou que dois-je dire à un homme défiant? cf. Eschl. Ch. 314 ; Soph. O.R. 378, 1162 ||
2 avec un premier membre commenç. par πότερον ou πότερα : πότερον ἐκείνους πάλιν καλῶμεν, ἢ ἐμοὶ ταῖσδέ τ’ ἐξειπεῖν θέλεις; Soph. Tr. 342, devons-nous rappeler les autres, ou veux-tu t’expliquer seulement devant moi et ceux-ci? de même πότερα... ; Plat. Prot. 324d ; avec πότερα suivi des deux termes d’une alternative dont le second est annoncé par ἤ, puis d’un autre marquant une nouvelle alternative par oppos. aux deux termes réunis de la première : πότερα δ’ ἐν οἴκοις ἢ ἐν ἀγροῖς ὁ Λάϊος ἢ γῆς ἐπ’ ἄλλης συμπίπτει φόνῳ ; Soph. O.R. 112, est-ce (dans son pays) en sa demeure ou à la campagne, ou sur une terre étrangère que Laïos a succombé par un meurtre? ||
IV dans les prop. d’interr. indir. :
1 avec εἰ : εἰδῶμεν εἰ νικῶμεν ἢ νικώμεθα, Eschl. Ch. 890, sachons si nous sommes vainqueurs ou vaincus ; νῦν ἔμαθον ὃ λέγεις· εἰ δὲ ἀληθὲς ἢ μή, πειράσομαι μαθεῖν, Plat. Rsp. 339a, maintenant je sais ce que tu dis ; seulement cela est-il vrai ou non? c’est ce que je vais tâcher de savoir ||
2 avec un premier  : μερμήριξε ἢ Διὸς υἱὸν διώκοι, ἢ ὅγε Λυκίων ἀπὸ θυμὸν ἕλοιτο, Il. 5, 671, il hésita s’il poursuivrait le fils de Zeus ou s’il ferait périr des Lyciens ; après les verbes qui marquent le doute ou une éventualité incertaine, après δίζε, Il. 16, 713 ; après la locut. μετὰ φρεσὶ νόησον, Il. 20, 311 ; après πειρηθῆναι, Il. 21, 226 ; après ὁρμαίνω, Od. 15, 300 ; cf. Il. 2, 300 ; 4, 15 ; Od. 6, 142 ; 15, 300, etc. ||
3 avec un premier terme sans particule interr. : οὐδέ τι ἴδμεν ζώει ὅγ’ ἢ τέθνηκεν, Od. 4, 110, et nous ignorons absolument s’il vit ou s’il est mort ; cf. Eschl. Pr. 782, etc. ||
4 en sous-entendant tout le premier membre d’une alternative : τίπτ’ εἰλήλουθας; ἢ ἵνα ὕϐριν ἴδῃ Ἀγαμέμνονος; Il. 1, 203, pourquoi es-tu venue? est-ce (pour quelque autre chose? ou) pour voir l’outrage que m’a fait Agamemnon? cf. Il. 5, 466 ; 7, 26 ; Od. 4, 710 ; 13, 376 (ttef. sel. les plus réc. éditeurs au lieu de dans tous ces passages); τίς σοι διηγεῖτο; ἢ αὐτὸς Σωκράτης; Plat. Conv. 173a, qui causait avec toi? n’était-ce pas Socrate en personne? (litt. était-ce un autre ou Socrate lui-même?) ; particul. dans la locut. interr. ἢ οὐκ (au sens du lat. nonne?) ἢ οὐκ ὀτρύνοντος ἀκούετε λαὸν ἅπαντα Ἕκτορος; Il. 15, 506, n’entendez-vous pas (litt. entendez-vous ou non) Hector qui pourchasse toute la foule (des Grecs) ? cf. Il. 5, 349 ; 23, 670 ; Plat. Rsp. 370b, etc. ; qqf. avec le premier membre de l’alternative exprimé (cf. en lat. la prop. qui précède annon) : ἔξεστι... ἢ οὐ; NT. Matth. 22, 17, est-il permis... ou non? ||
B que :
I après un comparatif : τὸν τοῦ ἀδίκου βίον φάσκων εἶναι κρείττω, ἢ τὸν τοῦ δικαίου, Plat. Rsp. 347e, prétendant que la vie de l’homme injuste est préférable à celle du juste ; qqf. par attraction et au lieu du nominatif, avec le même cas après qu’avant : πηγαὶ ἑτέρου ποταμοῦ οὐκ ἐλάσσονος ἢ Μαιάνδρου (au lieu de Μαίανδρος) Hdt. 7, 26, les sources d’un autre fleuve non moindre que le Méandre ; — entre deux adj. au comparatif : στρατηγοὶ πλείονες ἢ βελτίονες, Ar. Ach. 1042, généraux plus nombreux qu’habiles ; cf. Od. 1, 165 ; Hdt. 3, 65 ; Plat. Rsp. 409d, Theæt. 144b, etc. ; de même avec deux adj. employés adverb. au comparatif : φορτικώτερον ἢ φιλοσοφώτερον διαλέγεσθαι, Plut. Sol. 3, discourir avec plus de licence blâmable que d’esprit philosophique ; — qqf. sous-entendu après un comparatif devant un n. de nombre précédé d’une nég. : ἀποκτείνουσιν οὐ μεῖον πεντακοσίους, Xén. An. 6, 2, 24, ils n’en tuent pas moins de cinq cents (litt. cinq cents, pas moins); ἔτη μὴ ἔλαττον ἑξήκοντα γεγονώς, Plat. Leg. 759d, n’étant pas âgé de moins de soixante ans ; cf. Plat. Ap. 17d, etc. ||
II après un mot marquant une idée de comparaison, avec les verbes tels que αἱρέομαι, βούλομαι... ἤ, j’aime mieux, je préfère... plutôt que, etc. (v. ces mots); φθάνειν ἤ, Il. 23, 445 ; Od. 11, 58, venir plus vite que ; ἐπιθυμεῖν ἤ, Xén. Cyr. 1, 4, 3, désirer... plutôt que ; après les adjectifs tels que ἄλλος, ἕτερος, ἀντίος, ἐναντίος, ἴδιος, etc. et les adverbes correspondants (v. ces mots); après les adj. et les adv. multiplicatifs : διπλάσιος, πολλαπλάσιος, etc. (v. ces mots); après les locut. marquant une idée de comparaison telles que : οὐδ’ ὅσον ἤ, Thcr. Idyl. 9, 21, non autant que ; particul. celles qui expriment une idée de temps : πρὶν ἤ, πρόσθεν ἤ (v. ces mots); τῇ ὑστεραίᾳ ἤ, Plat. Conv. 173a, le lendemain du jour où (v. ὑστεραῖος). À ces construct. se rattache la loc. interr. ἄλλο τι ἤ, par laquelle on exclut, à l’aide de ἄλλο, toutes les suppositions contraires à celle que l’on regarde comme la seule vraisemblable et qui se trouve exprimée après  : ἄλλο τι ἢ περὶ πολλοῦ ποιεῖ ὅπως ὡς βέλτιστοι οἱ νεώτεροι ἔσονται; Plat. Ap. 24c, que fais-tu autre chose (litt. fais-tu qqe ch. autre) sinon tâcher de rendre les jeunes gens les meilleurs possible? cf. Xén. An. 2, 5, 10 ; 4, 7, 5, etc. Dans ces construct. se trouve qqf. suivi de diverses particules, par exemple : de οὐ : ἢ οὐ, au sens de seul : ἐγνῶσθαι πόλιν ὅλην διαφθεῖραι μᾶλλον ἢ οὐ τοὺς αἰτίους, Thc. 3, 36, (la décision par laquelle) ils avaient condamné à périr une ville entière au lieu de frapper seulement les coupables (v. οὐ); de κατά : τὸ μὲν πρόσωπον καλλωπιζόμενον περιεργότερον ἢ κατὰ γυναῖκα σώφρονα, Hdn 5, 8, 1, le visage paré avec plus de soin qu’il ne convenait à une honnête femme (v. κατά) ; de ὡς ou ὥστε : μείζω ἢ ὡς τῷ λόγῳ τις ἂν εἴποι, Dém. 68, 20, actions trop grandes pour qu’on les puisse retracer par la parole, etc. (v. ὡς, ὥστε) ||
III p. suite, après un posit. : ὑμέας δίκαιον ἔχειν (s. e. μᾶλλον) ἤ περ Ἀθηναίους, Hdt. 9, 26, il est juste que vous l’ayez plutôt que les Athéniens ; ἐμοὶ πικρὸς τέθνηκεν (s. e. μᾶλλον) ἢ κείνοις γλυκύς, Soph. Aj. 966, sa mort m’est amère plus qu’elle ne leur est douce ||
IV après un superl. : ἡ Αἴγυπτος πλεῖστα θωυμάσια ἔχει ἢ ἄλλη πᾶσα χώρη, Hdt. 2, 35, l’Égypte possède plus de choses merveilleuses qu’aucun autre pays ; πίθοιτό κεν ὔμμι μάλιστα ἢ ἐμοί, A. Rh. 3, 91, il vous écouterait plutôt que moi.
Étym. contraction de ἠέ 1.